Tant attendue par les syndicats, la grande réforme de la médecine du travail, censée résoudre le problème de pénurie de médecins et assainir la gestion du système, n’aura pas lieu. Du moins pour le moment. Intégrés in extremis au projet de loi de réforme des retraites, quelques amendements parlementaires tiendront lieu de réforme. Des amendements qui font bondir les organisations syndicales.
Adoptés en commission mardi et mercredi à l’Assemblée, ces amendements déposés début septembre par des députés UMP ont pour but de régler des dysfonctionnements dont faisait état, en mai, un rapport relayé par Rue89.
Le recours à la médecine de ville
La question du manque de médecins devient urgente : près de 80% d’entre eux auront atteint ou dépassé l’âge de la retraite d’ici dix ans…
L’un des amendements suggère que certains secteurs devrait recourir à des médecins de ville afin de mieux protéger certains salariés qui, de toute façon, voient rarement des médecins du travail. Seraient concernés les artistes et intermittents, les mannequins, les employés de particuliers, les représentants… Pour Jean-François Naton, en charge du dossier à la CGT, cette mesure est une aberration :
« Ce n’est pas une solution d’aller chercher des médecins généralistes, alors qu’on sait qu’il en manque dans le pays. »
Même rejet du côté de Force ouvrière, par la voix de Jean-Marc Bilquez, secrétaire confédéral :
« Les médecins de ville ne sont absolument pas compétents pour cette mission. Ils ne connaissent pas l’entreprise, ni le contexte dans lequel travaillent les salariés. De plus, ils n’auront jamais le temps de prendre connaissance de la situation professionnelle de chacun. »
Le recours aux internes et aux infirmières
Dans le même ordre d’idée, serait ouverte la possibilité aux internes en médecine de remplacer les médecins du travail pendant leurs congés. Et les infirmières verraient leur métier évoluer, avec la création d’une spécialité en santé du travail, qui permettrait la « délégation de tâches » des médecins aux infirmières. Reste à savoir de quelles « tâches » il s’agit.
Une orientation qui inquiète Jean-Marc Bilquez :
« C’est un dévoiement de la médecine du travail. Aujourd’hui, le code de la santé publique interdit aux infirmières de poser un diagnostic. Quant aux internes, leur manque d’expérience risque de les mettre en danger, en même temps que les salariés. »
La gestion du système
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