Le syndicat autonome déplore le manque de dialogue et s’associe aux grandes confédérations.
Entre autres effets annexes, la réforme des retraites aura eu pour conséquence d’établir un front syndical. C’est ainsi que l’Unsa (Union nationale des syndicats autonomes), créée en 1992 pour proposer une alternative aux grandes confédérations et connue pour être d’abord une instance de proposition, en vient à parler dans une conférence de presse hier au siège bordelais de « logique de lutte des classes ». Du moins par la bouche de son secrétaire départemental, Philippe Despujols, à propos de cette réforme des retraites.
« Nous ne sommes pas des radicaux, nous prônons la discussion mais face à un refus de dialogue, on soutient nous aussi le bras de fer avec le gouvernement ; car si on perd sur les retraites, l’assurance-maladie viendra juste après ». L’Unsa sera donc en première ligne le 23 septembre avec CGT, CFDT, FO et les autres : « Le contexte social est tel que nous croyons encore à un grand succès », assure Philippe Despujols.
4 000 adhérents
Présente à 80 % dans le secteur public et forte de 4 000 adhérents en Gironde (ce qui la place au niveau de la CFTC et de la CGC mais devant Solidaires), l’Unsa voit monter les mécontentements de tous les secteurs. L’éducation d’abord, où la secrétaire départementale Évelyne Fougerolle et sa collègue des lycées et collèges Évelyne Brun dressent un tableau catastrophique de la rentrée : « Les gens ne se rendent pas compte qu’on est en train de casser l’éducation nationale avec l’emploi de non titulaires et de vacataires, non formés et mal payés », dit la seconde, ce qui entraîne selon les deux syndicalistes un mauvais climat d’ensemble préjudiciable, avant tout aux élèves.
Quant au postier Éric Baquéra, il signale une profonde réforme du service clientèle de La Poste à Mériadeck, concernant 600 agents et une remise en cause des métiers : « la formation viendra après le changement et la souffrance du personnel nous préoccupe », dit-il, en rappelant le précédent de France Télécom.
Il souligne également le non-remplacement des retraités dans les bureaux de poste ruraux, lesquels sont souvent dirigés à distance, des rémunérations très inégalitaires au bénéfice des fonctionnaires et au détriment des « privés » (400 à 500 euros d’écart) et la chute verticale des volumes du courrier qui implique une restructuration à terme.
Bref, les syndicalistes de l’Unsa ont du boulot et la loi de la représentativité prévue en 2014, censée avantager CGT et CFDT, ne les émeut guère : « Dans un certain nombre de secteurs, nous serons bien placés car on apprécie notre philosophie autonome, notamment les jeunes. »