Pierre Gadonneix, ex-PDG d’EDF, préside le Congrès mondial de l’énergie, qui s’ouvre ce samedi à Montréal. Il analyse, en exclusivité, les enjeux du secteur.
En quoi le monde de l’énergie est-il en train de changer ?
Lors de la dernière édition du Congrès mondial de l’énergie (CME), en 2007, il régnait un large consensus autour des préoccupations environnementales. Tout le monde pensait que le développement durable devait être la priorité. La crise économique et la montée en puissance des pays émergents ont révélé une réalité plus complexe. Il n’est plus question d’obérer la croissance au nom de l’environnement. A présent, le débat se focalise sur l’articulation entre ces deux impératifs, ainsi que sur un autre enjeu déterminant : la sécurité d’approvisionnement, c’est-à-dire l’accès à la ressource à un prix raisonnable. Les politiques publiques doivent plus que jamais tenir compte de ces éléments. L’exercice n’est pas simple, car les curseurs bougent en permanence. Ainsi, la découverte récente de gaz non conventionnel [gaz de schistes] a quasiment doublé les réserves accessibles. En parallèle, l’exigence de sûreté de plus en plus forte conduit nécessairement à une augmentation des coûts et par là même des prix de l’énergie.
Entre une demande qui va doubler d’ici à 2050, un tiers de la population mondiale qui ne bénéficie pas encore d’un approvisionnement fiable, et la nécessité de préserver la planète, comment tout concilier ?
La question revient aux Etats. Car l’énergie continuera longtemps, et à juste titre, d’être considérée comme un sujet d’indépendance nationale. Mais les enjeux sont globaux. Comme le dit l’économiste Nicholas Stern, « la crise climatique est la plus grande défaillance du marché ». Ce qui est sur la table, dorénavant, c’est la capacité à coordonner les politiques énergétiques des différents pays. A Copenhague, l’Europe, qui émet beaucoup moins de CO2 que les autres pays développés, pensait pouvoir imposer sa loi en fixant des engagements chiffrés en termes d’émissions de gaz carbonique. Ni les Etats-Unis ni les pays émergents n’ont suivi. Il a fallu renoncer à définir des objectifs chiffrés communs à tous les pays. Ce sont quatre pays – Chine, Inde, Brésil, Afrique du Sud – qui, avec les Etats-Unis, ont rédigé le protocole final. Au sommet de Cancun, en novembre prochain, il faudra parvenir à un accord sur les moyens d’harmoniser les politiques nationales, y compris sur la délicate question des contrôles. La Chine acceptera-t-elle que l’on vienne vérifier si elle tient ses engagements ?
Jusqu’où les impératifs environnementaux conditionnent-ils désormais le choix en faveur de telle ou telle énergie ? Faudra-t-il, par exemple, renoncer au pétrole ou au charbon ?
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