Contrairement à une idée encore répandue, la pénibilité du travail n’est pas un fléau en voie de disparition, qui ne concernerait donc que les travailleurs vieillissants.
Si des évolutions techniques, économiques, sociales ont pu entraîner la disparition, ou faire reculer, certains métiers ou activités pénibles, leurs effets bénéfiques sont amplement contrebalancés, entre autres, par les conséquences de l’intensification du travail, rappelle le professeur Gérard Lasfargues, du CHU de Tours. Auteur d’un rapport en 2005 sur les « départs en retraite et travaux pénibles », il a étudié une série d’expositions professionnelles, « dont les effets potentiels à long terme sur la santé, incapacitants et potentiellement graves, sont établis avec un niveau de preuve élevé ».
Pour le scientifique, pas de doute : la mise en place d’un dispositif de départ anticipé « nous semble justifiée, qu’il y ait ou non des effets présents sur la santé », affirme-t-il d’emblée.
Prenant ainsi, de fait, et par avance, le contre-pied du projet du gouvernement qui vise à limiter le bénéfice d’une éventuelle compensation aux seuls salariés dont un examen médical prouverait que leur santé est endommagée par les conséquences de la pénibilité.
« Le temps de latence de ces effets est parfois long et les expositions professionnelles responsables ne sont pas toujours vécues comme pénibles », explique Gérard Lasfargues.
Le rapport détaille trois types de conditions de travail pénibles, fréquents dans la population active, et dont les effets sur l’espérance de vie sans incapacité sont « présents à long terme, reconnus et mesurables ».
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