La recherche française a désarmé sur la sûreté nucléaire

    Si l’effort global de recherche-développement (R&D) dans le secteur du nucléaire est difficile à apprécier, les dépenses de R&D affectées à la sûreté nucléaire ont, elles, chuté de plus d’un tiers entre 2002 et 2020.

    Source : La recherche française a désarmé sur la sûreté nucléaire

    Par Antoine de Ravignan

    Comment évolue en France l’effort de recherche-développement (R&D) dans le secteur du nucléaire ? Pour les uns, il est en déclin, ce qui contribuerait à expliquer les déboires de cette industrie. Pour les autres, l’effort reste non seulement archidominant (50 % de toutes les dépenses de R&D en énergie en 2020, contre 12 % pour les énergies renouvelables et 17 % pour les économies d’énergie), mais stable dans le temps. Au vu des statistiques de R&D dans le domaine énergétique produites par le ministère de l’Ecologie, il est difficile de se faire une idée sur cette question qui suscite un débat dans le débat.

    Le tableau de données pour les années 2002-2020 fourni par le ministère de l’Ecologie présente deux séries de chiffres en euros constants, pour corriger l’effet de l’inflation sur longue période.

    La première série agrège des données selon la méthodologie du SDES, le service statistique du ministère de la Transition écologique. Elle présente un effort faveur du nucléaire assez stable dans le temps, évoluant – avec des périodes de baisse et de hausse – autour de 720 millions d’euros (de 2020) par an.

    En revanche, la deuxième série, qui répond à la nomenclature de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), présente une nette baisse entre le début et la fin de la période : un peu plus de 900 millions d’euros dans les années 2002-2004 contre 750 millions dans les années 2018-2020.

    C’est la première série qui est présentée dans la publication du ministère, mais c’est la deuxième (nomenclature AIE) qui nous intéresse, car elle offre l’intérêt de détailler les différents postes à l’intérieur de la R&D nucléaire, à la différence de la première.

    Entre 2014 et 2020, les dépenses de R&D pour la sûreté nucléaire n’atteignaient plus que 246 millions d’euros par an. On constate, de même, un recul des dépenses dans la recherche sur le cycle du combustible, autrement dit la gestion des déchets radioactifs

    On en tire une observation autrement plus importante que la question de savoir si la France investit globalement trop ou pas assez dans le nucléaire par rapport aux autres domaines énergétiques. La voici : les dépenses de R&D affectées à la sûreté nucléaire ont chuté de plus d’un tiers entre le début et la fin de la période. Alors qu’elles s’élevaient en moyenne à 435 millions d’euros par an en moyenne sur 2002-2008 et représentaient pas loin de la moitié du total des dépenses de R&D nucléaire, elles ont très fortement reculé à partir de 2009.

    Sur les années 2014-2020, elles n’atteignaient plus que 246 millions d’euros par an. On constate, de même, un recul des dépenses dans la recherche sur le cycle du combustible, autrement dit la gestion des déchets radioactifs. Comme pour la sûreté des réacteurs affectés par des problèmes d’usure, c’est pourtant un domaine où il faudrait accroître fortement la dépense. Notamment pour travailler sur la transmutation et la réduction de la durée de vie des déchets les plus dangereux, en vue d’éviter leur enfouissement.

    Les dépenses de recherche pour la sécurité nucléaire ont fortement reculé

    Dépenses publiques en R&D pour le nucléaire en France (nomenclature Agence internationale de l’énergie), hors démonstration, en millions d’euros

    L’investissement dans la sûreté nucléaire s’est certes relevé à partir de 2018, mais il est très loin de retrouver les niveaux d’il y a vingt ans. Une situation d’autant plus inquiétante que les réacteurs français, justement, n’ont plus vingt ans.

      1 comment for “La recherche française a désarmé sur la sûreté nucléaire

      1. gog
        11 octobre 2022 at 8h15

        la sûreté nucléaire et les autorités associés ne sont-elles pas une farce ? N’en n’est-il pas également pour la justice et ses extensions ?

        la situation n’est-elle pas suffisamment éclairante ?

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