Le déclin des classes moyennes est devenu un cliché moderne, qui suscite autant la colère que la résignation des populations concernées. En plein cœur de la crise, le sujet mérite pourtant qu’on s’y penche régulièrement : c’est le cœur de la société qui est touché, le ventre mou du classement diront les plus cyniques, son noyau dur diront les autres.
Un responsable du département « conditions de vie et aspirations des Français » déclare cette semaine à Capital.fr que « les classes moyennes ont du mal à faire le deuil de l’ascenceur social » et affirme que « le tableau est noirci à outrance« . Un propos lénifiant en pleine crise économique.
On considère que les -ou la- classe moyenne est cette partie de la population qui se situe entre la classe pauvre et la classe riche. Louis Chauvel la définit comme une population bénéficiant d’un revenu stable, suffisant, d’une protection sociale relativement garantie, capable d’assurer une bonne éducation à ses enfants et pouvant se permettre certains loisirs. Des caractéristiques de plus en plus dégradées, à l’heure où deux tiers à trois quarts des français se perçoivent comme faisant partie de la classe moyenne, selon une étude du Centre d’analyse stratégique. Dans sa définition extensive, la classe moyenne représente plus de 80 % de la population.
Un système de distribution des richesses en « U »
Dans la réalité, les gains économiques les plus importants se trouvent aux deux extrémités du système : on a coutume de dire que les plus riches s’enrichissent, ce qui n’est pas dénué de fondement, mais les plus pauvres bénéficient également d’un transfert de richesse important.
Un colloque tenu au Sénat en 2007 a montré que de façon concrète, la catégorie de population la moins bien lotie est celle dans les revenus s’établissent entre 40% et 100% du revenu moyen, c’est à dire le bas de la classe moyenne, ou « lower middle class ».
Du côté des « pauvres », désignés comme tels jusqu’à 35% du revenu moyen, les ménages bénéficient, grâce aux transferts, d’un surcroît de revenu d’environ 20%. C’est un gain que l’on retrouve à partir de 140% du revenu moyen (soit 2170 euros par mois) et qui continue de croître en fonction du revenu.
Cela donne une forme de distribution des richesses en U, la classe moyenne se situant dans le creux du U.