Pour la réforme des retraites, le gouvernement devra passer en force. Sans le soutien de la CFDT qui, en 2003, avait signé la réforme Fillon.
Lorsque le 15 juin, en pleine Coupe du monde de football, le ministre du Travail Eric Woerth va présenter le projet de réforme des retraites, il aura cette fois François Chérèque contre lui… et personne pour le remplacer.
Certes, il pourra s’appuyer sur l’UMP. Mais même les électeurs de la majorité ne seront pas tous derrière lui: alors que globalement près de deux Français sur trois (63%, précisément) sont contre le projet de report de l’âge légal de départ à la retraite, ils seraient 42% à droite, indique un sondage Viavoice de début juin.
Le gouvernement de François Fillon, celui-là même qui, alors ministre du Travail et des Affaires sociales dans le gouvernement Raffarin, avait pris le plus grand soin à négocier un accord avec un syndicat, va se lancer dans la réforme sans autre partenaire de la négociation sociale que le Medef.
Un grand saut dans l’inconnu, toutefois totalement prévisible et assumé.
Les dividendes de la rancune
En congrès à Tours [regardez la vidéo du discours en bas de l’article], François Chérèque a fermé la porte à tout accord qui reviendrait sur l’âge légal de départ à 60 ans.
Aucune surprise: invité de l’émission «A vous de juger» sur France 2 le 31 mai dernier et face au patron de l’UMP Xavier Bertrand, le leader syndical l’avait martelé.
Dans ses propos perçait beaucoup de rancœur face à un cadre de la majorité tendu qui n’ignorait rien du contentieux. Les accords de 2003 se dessinaient entre les deux hommes.
François Chérèque s’était alors engagé en faveur d’une réforme qui prévoyait l’allongement de la durée de cotisation plutôt qu’un report de l’âge légal.
Et il avait obtenu la prise en compte de la pénibilité au travail.
A l’époque, Xavier Bertrand était d’ailleurs le rapporteur de l’amendement sur la pénibilité.
Depuis, la durée de cotisation a été – un peu – allongée.
Mais devenu plus tard ministre du Travail, Xavier Bertrand annonça un durcissement du dispositif dit de «carrières longues», revendication de la CFDT pour lutter contre les inégalités en prenant en compte la situation spécifique des salariés ayant commencé à travailler jeunes.
Une claque!
A Tours, la CFDT s’en est souvenue.
Le pragmatisme et ses limites…
suite article : http://www.slate.fr/story/22829/retraites-la-cfdt-ne-veut-plus-signer