Le cancer et les maladies de longue durée sont des questions rarement abordées dans les milieux professionnels. Éviter la désinsertion professionnelle, pendant et après la maladie, est pourtant essentiel.
C’est la première cause de mortalité des hommes dans notre région (deuxième chez les femmes). Le cancer fait peur. Pourtant, aujourd’hui, un sur deux est guéri. « Le cancer, c’est souvent la maladie de la seconde partie de vie, estime le docteur Bernard Fontaine, de Pôle Santé Travail. Il y a aujourd’hui allongement de la vie, et donc de la vie au travail. Il faut savoir intégrer dans la vie des entreprises cette maladie, en parler, dédiaboliser. Le mental et le social sont deux aspects essentiels de l’entreprise. »
Réinsertion
Et pourtant, dans les cas de maladie de longue durée, comme le cancer, cette question est difficilement ou trop tardivement abordée. Infirmière en clinique, Chantal a dû s’arrêter plus de six mois suite à la maladie. « Au moment de ma reprise, ma responsable voulait m’imposer des horaires peu compatibles avec mon traitement, ma fatigue. La médecine du travail a dû intervenir pour que je puisse obtenir un temps partiel thérapeutique . » Jean-Claude n’a pas eu cette chance. Professeur de français en lycée, il a dû complètement cesser le travail suite à un cancer, malgré sa volonté de retrouver une activité. « Le rectorat m’a fait comprendre qu’il valait mieux que j’attende tranquillement la retraite. »
La réintégration sociale est pourtant indispensable, quand elle est possible, ne serait-ce que pour la reconstruction psychique de la personne. « Outre la fatigue, il y a parfois des états dépressifs qui ne sont pas suffisamment soignés », estime le docteur Fontaine. « Pour une bonne réintégration, je milite pour des visites de préreprise. » Malheureusement, elles ne sont pas toujours possibles, notamment dans les petites entreprises qui ne possèdent pas de services médicaux internes. Et quid des travailleurs indépendants ou des intérimaires, souvent laissés seuls face à leur situation ? « Quand il y a maladie, il y a isolement, rupture entre les personnes et l’entreprise, constate Brigitte Lefebvre du service social du travail Nord de France.
Il est important également de mieux coordonner les informations entre le patient, le médecin traitant, le médecin hospitalier et la médecine du travail. » Tout comme les salariés doivent être mieux informés de leurs droits, allocations, aménagements de postes possibles en cas de maladie. de longue durée.
Beaucoup d’efforts restent à faire.