C’est une petite glande discrète, située à la base du cou et qui passe la plupart du temps inaperçue. Pourtant, elle joue un rôle essentiel dans le bon fonctionnement de notre organisme : et quand elle se dérègle, c’est tout le corps qui est affecté. Du 11 au 16 septembre, les meilleurs spécialistes de la thyroïde se réunissent à Paris pour leur congrès mondial. L’occasion de faire le point des connaissances et de remettre à jour les prises en charge, pour éviter les opérations inutiles.
Des maladies fréquentes, surtout chez la femme
Fatigue extrême, peau froide et prise de poids : ces signes doivent alerter sur une éventuelle insuffisance de la thyroïde. Cette glande de quelque 5 centimètres de diamètre régule en effet la production d’hormones nécessaires à un grand nombre de fonctions de l’organisme. En cas d’hyperthyroïdie, c’est le contraire : la personne souffre alors de bouffées de chaleur et d’une agitation permanente. Les maladies de la thyroïde affectent 15% de la population en France. Un phénomène en augmentation et qui touche trois fois plus souvent les femmes que les hommes « pour des raisons inconnues mais qui sont sans doute hormonales et génétiques », estime le professeur Martin Schlumberger, chef de service de médecine nucléaire à l’Institut Gustave Roussy (Villejuif 94).
Un dépistage plus précis
Depuis les années 80, les maladies de la thyroïde progressent de 2 à 6 % par an en France. Le nuage de Tchernobyl a été accusé, mais les études ne montrent pas de différences entre les régions affectées par l’irradiation (surtout l’Est de la France) et les autres. Pour les spécialistes, c’est plutôt le développement d’un dépistage plus précis qui entraîne cette augmentation des diagnostics. Plus on cherche, plus on trouve. Des dosages hormonaux de plus en plus fins permettent de diagnostiquer les dysfonctionnements les plus légers. Et l’échographie peut repérer les nodules (tumeurs) presque dès leur apparition. « On détecte aujourd’hui des nodules de quelques millimètres que l’on ne soupçonnait pas avant, constate le professeur Schlumberger. La plupart d’entre eux vont rester bénins et ne pas évoluer vers un cancer. De même une insuffisance modérée peut rester stable des années sans dommage sur la personne. Dans ce cas, les traitements sont inutiles. »
De nouvelles règles thérapeutiques
Dans le doute portant, beaucoup de médecins préféraient jusqu’à présent intervenir. Ainsi en quelques années, le nombre d’ablations de la thyroïde a doublé, sans que ces interventions ne soient toujours justifiées d’un point de vue médical. Or des complications chirurgicales, même si elles restent rares, peuvent survenir. Et sans thyroïde, un traitement quotidien à base d’hormones est nécessaire, avec à la clé une délicate période d’adaptation pour déterminer le bon dosage. Pour la première fois le congrès international va être l‘occasion de définir des règles de bonnes pratiques médicales sur le sujet. « Elles seront opposables, c’est-à-dire que tous les médecins devront s’y conformer, explique le professeur Schlumberger. Selon la taille et les caractéristiques du nodule, il faudra soit surveiller, soit explorer, soit encore opérer. » De même, en cas de cancer, ces nouvelles règles définiront les traitements les plus adaptés à chaque tumeur. Une façon aussi de réduire les coûts de prise en charge pour l’Assurance maladie tout en optimisant les soins aux patients.
Bien manger pour réduire le risque
Un apport suffisant d’iode est nécessaire au bon fonctionnement de la glande thyroïde. Certes les vraies carences (qui entraînaient le fameux crétinisme des siècles passés) sont oubliées, mais en France, les apports restent insuffisants et diminuent avec l’âge : selon l’enquête Suvimax, un quart des plus de 55 ans sont carencés. Depuis 1950, le sel de table est enrichi en iode, mais il est conseillé de réduire sa consommation de sel afin d’éviter l’hypertension. Il faut donc diversifier les sources : les crustacés, les huîtres et les algues sont les aliments les plus intéressants avec le poisson quand il n’est pas cuit au court-bouillon car l’iode est alors dilué dans l’eau. Le lait, les œufs et le porc contiennent aussi de l’iode mais dans des proportions moindres.
Les signes qui doivent inquiéter
lire la suite : http://www.lavie.fr/bienvivre/sante/thyroide-les-specialistes-mondiaux-reunis-a-paris-10-09-2010-9306_24.php