Après un rapport Parlementaire « sécurité et sûreté nucléaire » , un « Ségur de la santé » et une « Convention Citoyenne » sur le climat…le chaos #EnMarche paroles de sous-traitants « premiers de corvées » !
Une fuite de documents sensibles sur le site de l’EPR de Flamanville révélée par Greenpeace et Mediapart ce dimanche 6 octobre s’expliquerait par le mille-feuille de sous-traitants mobilisés sur place. Un problème que connaît bien la ministre de l’Ecologie Barbara Pompili puisqu’elle l’a dénoncé dans un rapport parlementaire en 2018.
Rarement la sécurité d’un site de centrale nucléaire n’avait été à ce point publiquement remise en cause. Ce dimanche 6 décembre, Mediapart a publié une longue enquête détaillant le contenu de documents qui lui ont été confiés par Greenpeace. Parmi eux, des plans extrêmement précis de la sécurité autour de l’EPR de Flamanville (Manche) en construction, des schémas de certaines installations et de nombreux visuels. Une fuite qui serait liée à des mauvaises pratiques de sous-traitants massivement mobilisés dans le secteur nucléaire. Un problème que l’actuelle ministre de l’Ecologie Barbara Pompili avait dénoncé en 2018 dans un rapport parlementaire.
Des plans très précis
Mediapart raconte, sans publier aucun original, que l’on peut observer dans ces documents les champs de vision des caméras de surveillance, « et leurs angles morts », un plan du « circuit reliant les alarmes aux tableaux électriques » mais aussi « des schémas des clôtures de l’EPR si précis que l’on voit les types de vis et de boulons utilisés pour monter les grilles ».
Des informations confidentielles qui, entre de mauvaises mains, pourraient mener à des incidents majeurs, d’intrusions de militants radicaux à des actes terroristes. « On peut imaginer la possibilité d’une intrusion, d’un sabotage de chantier ou d’un vol de matières radioactives », avance Greenpeace.
EDF a affirmé qu’aucun de ces documents n’était classé secret défense, tout en reconnaissant auprès de Mediapart que la diffusion de leur ensemble « pouvait poser difficulté pour la protection du secret de la défense nationale ». Jointe par Marianne, une porte-parole de Greenpeace explique qu’il est impossible de savoir si ces documents étaient classés secret défense, puisque « le classement secret défense est lui-même une information classée secret défense » .
Une fuite évitable ?
L’ONG a annoncé avoir obtenu ces plans « par une personne qui n’avait aucune raison professionnelle d’y accéder, ne travaillant ni de près ni de loin pour l’industrie nucléaire ». Si ces documents confidentiels ont circulé jusqu’à atterrir entre les mains de Greenpeace, ce serait à cause d’échanges par mails non-sécurisés entre des employés d’entreprises sous-traitantes qui construisent l’EPR.
Alors que toutes les entreprises sous-traitantes ont signé des engagements de confidentialité, l’enquête de Mediapart révèle que de nombreux salariés s’échangent par mail des documents qui ne devraient pas sortir de serveurs sécurisés. Ce dispositif de sécurité particulièrement contraignant connaitrait parfois des dysfonctionnements, ce qui pousserait des salariés d’entreprises sous-traitantes à s’échanger directement certains documents.
Au sommet de l’Etat, les failles de sécurité des centrales nucléaires sont connues. En 2014, le député UMP Gérald Darmanin avait posé une question sur ce sujet à la ministre de l’Ecologie et de l’Energie Ségolène Royal. « Il semblerait que l’alerte et les protections passives des installations puissent encore faire l’objet d’évolutions », avançait celui qui est désormais ministre de l’Intérieur.
70% de sous-traitants
En 2018, une commission d’enquête parlementaire avait pointé le danger que représentait le recours massif à la sous-traitance dans la construction et l’entretien des centrales. Sa rapporteure n’était autre que Barbara Pompili, ministre de l’Ecologie depuis début juillet 2020. Au moment de la publication du rapport, elle s’était épanchée dans les médias pour dénoncer « une cascade de failles ».
La lecture des conclusions de cette commission d’enquête sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaires montre qu’un événement comme cette fuite de données pouvait être anticipé. Les députés établissent que la filière nucléaire compte plus de 70% de salariés sous-traitants, ce qui « fait peser un certain nombre de risques sur la sûreté des installations ».
Dilution des responsabilités
Selon ce rapport, le recours massif à la sous-traitance « entraîne une dilution des responsabilités », chaque travailleur se sentant de moins en moins impliqué dans la sûreté des installations. Mal formés et sous-payés, les employés d’entreprises sous-traitantes seraient plus à même de commettre des erreurs et omettraient parfois de signaler des incidents. Un constat que les révélations de Greenpeace viennent conforter.
Le turnover de salariés et intérimaires au sein des centrales « rend plus difficile le criblage, notamment des travailleurs étrangers » avançait le rapport. Une situation qui aggraverait même « le risque interne de sabotage », puisqu’il est plus difficile de repérer des éléments malveillants quand les personnes autorisées à pénétrer dans les installations changent sans cesse.
Ministre depuis cinq mois, la ministre Barbara Pompili n’a pas initié de réforme de la sous-traitance dans le nucléaire. Ecolo dans un gouvernement qui ne l’est pas toujours, elle serait « bloquée » sur ce sujet selon l’ONG Greenpeace jointe par Marianne. Mais la fuite massive de documents confidentiels pourrait contraindre le gouvernement à s’engager rapidement sur le sujet. En novembre dernier, les députés Insoumis ont déposé une proposition de loi pour interdire la sous‑traitance « à plusieurs niveaux » dans le nucléaire, en s’appuyant notamment sur le rapport Pompili pour illustrer ses dangers.
Source : Sécurité des sites nucléaires : le rapport Pompili qui alertait sur le danger de la sous-traitance
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