Présenté comme le fleuron de l’industrie nucléaire française, le réacteur de troisième génération EPR n’a pas su convaincre les décideurs d’Abou Dhabi pour un gigantesque contrat, ravivant les critiques sur son coût et les craintes sur son avenir.
« Globalement, on a refait un peu un Concorde : un superbe objet technologique, mais pour lequel il n’y a pas ou peu de clients, car ça coûte trop cher« , résume un haut responsable d’EDF sous couvert d’anonymat.
De source proche du dossier, on reconnaît volontiers que le coût du réacteur français construit par Areva a sans doute pesé lourdement dans le choix d’Abou Dhabi en faveur de l’offre proposée par le Sud-Coréen Kepco. D’autres causes ont également pu être avancées, comme la difficulté à mettre en place une « équipe de France du nucléaire » cohérente, EDF ayant rejoint tardivement le consortium Areva-GDF/Suez-Total-Vinci-Alstom.
Mise en cause par les autorités de sécurité nucléaire britannique, française et finlandaise, qui ont émis en novembre des réserves sur son système de contrôle-commande, l’image de l’EPR pâtit aussi des retards enregistrés sur les chantiers d’Olkiluoto en Finlande et, dans une moindre mesure, de Flamanville, dans la Manche. « On paie assez cher des erreurs industrielles depuis 10 à 15 ans », déplore Lionel Taccoen, ancien ingénieur d’EDF, auteur du Pari nucléaire français, regrettant que la France ait fait le choix d’un nouveau réacteur au lieu de moderniser le modèle déjà existant en France. « Deuxième erreur : l’EPR, comme n’importe quel nouveau réacteur, aurait dû être construit à un, deux ou trois exemplaires, avant d’être exporté. Il y a une mise au point à faire, qui se traduit par des délais plus longs », poursuit-il. « Il faut en construire deux ou trois, et ensuite, ça tournera », reprend le haut responsable d’EDF, qui avoue toutefois craindre « la mort » du réacteur « si on n’engrange pas dans les trois ou quatre ans les contrats commerciaux nécessaires ».
Face à la concurrence, Areva développe des réacteurs plus petits
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