EDF a passé un contrat avec Web Services, la filiale services informatiques du groupe américain, pour gérer la planification de la maintenance de centrales nucléaires françaises.
Source : Nucléaire : EDF fait appel à une filiale d’Amazon pour gérer une partie de son système d’information
Y-a-t-il un risque de fuite des secrets nucléaires français vers les États-Unis ? Le Canard Enchaîné met les palmes dans la mare, mercredi 14 février, avec ce titre bien dans le style du Canard : « EDF livre ses centrales nucléaires à Amazon ». Rien de moins ! Quels sont les faits ? Il y a quelques mois, l’énergéticien français a sélectionné Amazon Web Services, la filiale services informatiques du groupe américain, pour gérer la planification de la maintenance de centrales nucléaires françaises, et uniquement ce dossier. L’objectif d’EDF est de moderniser une partie de son système d’information générale, la gestion, dans la perspective du développement du parc nucléaire français. Amazon n’est pas le seul à avoir été choisi pour compléter les compétences internes.
Contacté par franceinfo, EDF confirme ce contrat passé avec Amazon Web Services, et précise que cette information est publique depuis le début pour qui s’intéresse au dossier, à partir du moment où les entreprises sélectionnées, et celles qui ne l’ont pas été, sont informées et libres de communiquer ou non. Certains groupes écartés du marché ont, apparemment, la défaite difficile et du mal à avaler la pilule. Ils jettent leur amertume sur la place publique.
Mais n’y a-t-il pas, quand même, une interrogation sur la confidentialité de données industrielles stratégiques d’un groupe public français, qui partent ainsi chez un géant américain que l’on sait très proche du pouvoir politique à Washington ? EDF insiste sur le fait que ce contrat est strictement verrouillé dans le cadre des règles européennes. Au sommet de l’entreprise, on vous fait comprendre que le groupe n’est pas né de la dernière pluie et n’a pas l’habitude de se jeter dans la gueule du loup.
La défense des intérêts stratégiques nationaux
EDF est redevenue entreprise 100% publique avec la reprise de l’intégralité du capital par l’État. Le ministère de l’Économie estime que les règles aujourd’hui en vigueur sur la gestion informatique souveraine concernent uniquement les administrations, pas les industriels ! Ce qui, en soi, interroge effectivement sur la défense des intérêts stratégiques nationaux. L’objectif du numéro deux du gouvernement, Bruno Le Maire, est de faire monter en puissance des offres françaises, capables de concurrencer les grands groupes américains.
Des solutions françaises de cybersécurité existent. On le voit aujourd’hui avec la sécurisation de notre identité numérique pour le permis de conduire sur les téléphones portables mais nous sommes loin de la stratégie nucléaire. Les principaux acteurs industriels le regrettent. Aucune offre tricolore n’est aujourd’hui capable de rivaliser avec les Américains et d’accompagner une entreprise comme EDF. La vente à la découpe du groupe Atos, fabricant du tout dernier du supercalculateur informatique français – à la renommée mondiale – en est une malheureuse illustration.