Des études terminées ou abandonnées, un marché du travail bouché : 640 000 Français de moins de 25 ans sont au chômage. Plus durement frappés par la crise que leurs aînés, ces jeunes sont le plus souvent condamnés à la précarité.
C’est une « génération perdue », s’inquiète l’Organisation internationale du travail dans un rapport publié la semaine dernière. Au niveau mondial, le taux de chômage des jeunes est passé en deux ans de 11,9% à 13%. En France, il atteint même désormais 23%. Un chiffre à manier avec prudence, mais qui traduit une réalité inquiétante.
Deux jeunes actifs sur dix au chômage
Le taux de chômage des jeunes doit être interprété avec précaution. Il correspond en effet à la proportion de chômeurs parmi les jeunes actifs, c’est-à-dire disposant d’un emploi ou en recherchant un. La jeunesse étant, elle, définie par les statisticiens comme la classe d’âge allant de 15 à 24 ans.
Selon l’Insee, le taux de chômage des jeunes en France métropolitaine s’élevait à 23% au premier trimestre 2010. Bien plus que la moyenne que les autres classes d’âge (8,6% pour les 25-49 ans et 6,6% pour les plus de 50 ans), la moyenne tous âges confondus s’établissant à 9,5%.
Ce taux ne prenant en compte que les actifs, il ne signifie pas que 23 jeunes sur cent sont au chômage. L’écrasante majorité des moins de 25 ans poursuivent encore leurs études. L’Insee fournit donc d’autres chiffres permettant d’affiner l’analyse, en prenant en compte toute la classe d’âge, étudiants compris :
- Le taux d’emploi : 28,1% au premier trimestre, contre 51,2% pour l’ensemble de la population française.
- La proportion de chômeurs : 8,4%, contre 5,4% pour toute la population.
Des chiffres moins spectaculaires, mais qui confirment la difficulté des jeunes à accéder à un emploi.
Quatre mois à Pôle emploi, puis la précarité
Les chiffres de Pôle Emploi témoigne de la précarisation des jeunes actifs. Fin juin, l’agence comptait 641 800 inscrits de moins de 25 ans, soit 2,6% de plus qu’un an auparavant.
Ces jeunes resteront inscrits en moyenne 126 jours. C’est moins que les inscrits plus âgés, la moyenne générale étant de 220 jours. Mais une fois sortis de Pôle Emploi, leur situation sera nettement plus précaire. Voici les chiffres de l’Insee sur la répartition de l’emploi des jeunes fin 2008 :
- Intérim : 6,6%, contre une moyenne de 2,1% tous âges confondus
- Apprentis : 15,3%, contre 1,3%
- CDD : 26,4%, contre 8,3%
- CDI : 49,7%, contre 77,7%
Ces statistiques incluent les emplois aidés, ces CDD et CDI créés grâce à des aides de l’Etat ou des exonérations de charges. Depuis le dernier plan d’aide à l’emploi des jeunes, annoncé au printemps 2009 par Nicolas Sarkozy, la situation ne s’est donc pas améliorée. Mathieu Plane, économiste à l’OFCE, résumait alors sur Eco89 :
« Les jeunes sont sur-représentés dans la précarité, dans les CDD et
les intérims. Ils sont une variable d’ajustement très forte pour les
entreprises. »
Le Nord-Pas-de-Calais et les zones sensibles
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