Depuis l’arrivée au pouvoir de la coalition de droite, la probable prolongation des centrales est au centre des débats. Les négociations avec les fournisseurs sont houleuses.
En 2002, le gouvernement de Gerhard Schröder (SPD-Verts) avait décidé ¯ avec l’accord des grands fournisseurs d’énergie ¯ que l’Allemagne sortirait du nucléaire. La dernière des dix-sept centrales encore en activité devait théoriquement fermer ses portes en 2022.
En 2005, après sa victoire, très serrée, aux élections, la coalition entre la CDU d’Angela Merkel et le SPD a gelé le dossier. Mais les élections fédérales de septembre 2009 ont modifié la donne. Angela Merkel a changé de partenaire en s’alliant aux libéraux du FDP. Et l’idée d’une éventuelle prolongation des centrales a vu le jour.
Aujourd’hui, la question n’est pas de savoir si l’Allemagne va prolonger la vie de ses centrales, mais plutôt pendant combien de temps. Huit, quatorze ou quinze ans ? Question qui aurait pu être tranchée avant l’été. Mais pour ne pas risquer de perdre des points sur un sujet très sensible auprès de la population allemande alors que se tenaient, en mai, des élections dans la région de Rhénanie du Nord-Westphalie, la décision a été repoussée à la rentrée 2010. Forte de sa majorité, la coalition de droite compte faire passer sa loi au Bundestag dans les premières semaines de septembre.
Tensions avec les industriels
En attendant, les négociations entre le gouvernement et les quatre grands fournisseurs d’énergie (E. on, EnBW, Vatenfall, RWE) sur la durée de prolongation vont donc bon train. Le ministre de l’Environnement, Norbert Röttgen (CDU), s’est dit partisan d’un allongement « modéré ». Johannes Teyssen, patron de E. on a déclaré ce week-end : « Nous exigeons au moins quinze ans. »
Autre point chaud du débat : la création d’un impôt qui porterait sur l’énergie nucléaire, décidé dans le cadre du paquet de mesures du gouvernement allemand pour combattre la crise économique. Cette mesure, interprétée comme une contrepartie financière à la future prolongation des centrales, ne plaît pas aux fournisseurs…
Le magazine Spiegel a révélé qu’ils auraient menacé de fermer immédiatement certaines de leurs centrales si cet impôt voyait le jour. Une menace fortement critiquée par l’ensemble des partis politiques. Mais appuyée, ironiquement, par l’organisation antinucléaire Ausgestrahlt qui a appelé « les fournisseurs d’énergie à mettre leur menace à exécution ».