La chape de plomb, plus connue sous le terrible nom de censure, inhérente à la période communiste en Russie, semble renaître de ses cendres à l’occasion des importants incendies qui ravagent le pays. Nombre de morts, risques radioactifs : toutes les informations capitales sont scellées sous le sceau du secret. La censure fait rage, la population subit, qui croire ?
La censure n’était que supputation, elle est désormais triste réalité. Si les autorités russes ont été malmenées par les écologistes qui craignaient une contamination radioactive à grande échelle due aux incendies qui menaçaient les sites nucléaires, elles sont aujourd’hui clairement désavouées. Leur gestion de la crise (canicule + incendies) est critiquée, leur franchise totalement remise en cause. L’information n’est plus du tout transparente, et les fumées qui assombrissent la capitale russe ces derniers jours n’y sont pour rien !
Un site fermé
L’information fait grand bruit depuis que vendredi 13 août, le site internet de l’Agence de protection des forêts, pourtant dépendant du ministère de l’Agriculture, soit soudain devenu inaccessible. Perturbations des réseaux suite aux incendies ? C’est mal connaître les autorités russes et leurs fréquentes opérations de camouflage ! D’autant plus que le site a malencontreusement fermé après qu’il ait remis en cause la version officielle selon laquelle aucune région irradiée par l’explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl en 1986 n’avait été touchée par les incendies. Version officieuse relayée par le site : depuis juillet, 4 000 hectares de terres irradiées ont brûlé dont 270 hectares dans la zone touchée par l’explosion.
« Tout ce que je sais, c’est que le site ne fonctionne plus. Je ne peux que deviner ce qu’il s’est passé » s’est risqué le directeur adjoint de l’Agence, Alexeï Bobrinski. Ce qu’il s’est passé, plus personne ne l’ignore. L’influent ministre des Situations d’urgence avait déjà scellé le destin du site Internet quelques heures plus tôt à la télévision en évoquant « des informations pas claires publiées par un site obscur ». Vif tollé de la part des écologistes. « C’est de la censure. Les autorités devraient informer la population, les pompiers, les volontaires sur le danger radioactif éventuel et les mesures à prendre pour se protéger », a déclaré à l’AFP Vladimir Sliviak, co-président du groupe écologiste Eco-défense. Si Greenpeace Russie et d’autres associations ont pu clairement constater que des incendies avaient bien eu lieu, notamment dans la région de Briansk (touchée par Tchernobyl), grâce à des photos satellites, elles précisent cependant qu’aucun risque sanitaire n’est à craindre.
Des morts minimisées
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