Bertrand Mas, Vice-Président du Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes réanimateurs élargi.
« La pénibilité du travail c’est un vrai sujet, on n’est pas les seuls concernés à l’hôpital, il y a aussi tout le reste du personnel hospitalier qui travaille la nuit. La pénibilité, c’est une exposition pendant toute sa vie, soit à un travail de nuit, soit à des horaires alternants, ou bien à porter des charges physiques lourdes qui font qu’après la retraite, l’espérance de vie a changé. Cela augmente les probabilités d’avoir un arrêt cardio-vasculaire, un cancer, de faire un infarctus, etc. Si je pars à la retraite à 67 ans selon la réforme Woerth, cela me fait sept ans de vie en retraite, et statistiquement j’aurai un an en bonne santé. On se bat pour que la pénibilité propre à notre métier soit reconnue d’autant qu’on ne peut pas y échapper en tant que médecin, c’est une contrainte. Poser une péridurale à 67 ans à 2 heures du matin est plus difficile en termes de capacité qu’à 30 ou 40 ans.
On s’est senti presque agressé par le projet actuel du gouvernement qui ne reconnaît pas la pénibilité mais l’incapacité. En tant que médecin, on sait que le critère retenu de 20 % d’incapacité équivaut déjà à ne plus pouvoir travailler. Il s’agit par exemple de quelqu’un qui doit respirer de l’oxygène à domicile quand il est insuffisant respiratoire, et à ce stade-là, c’est sûr que vous ne travaillerez plus. Donc la question d’une retraite anticipée ne se pose même pas, c’est une imposture de dire que l’on traite la pénibilité à travers ça ».