La crise marque le triomphe du chacun pour soi …

    Cette semaine, le psychanalyste Michel Schneider revient sur le narcissisme de l’époque révélé par la crise.

    Extraits :

    Quel diagnostic portez-vous sur la crise en cours ?

    C’est toujours un peu impudent ou imprudent pour un psychanalyste de se mêler d’un jugement sur les choses politiques ou les choses économiques.

    Après tout, pourquoi est-ce que les économistes ou les politiques n’auraient pas aussi des choses à dire sur la psychanalyse ?

    La montée de la dette ça veut dire quoi ?

    ça veut dire qu’on reporte sur les générations futures le coût à payer pour notre jouissance présente…
    c’est une négation de l’autre, de ses droits, du respect qu’on lui doit et c’est là une illustration de la toute puissance du narcissisme qui dit non seulement « moi d’abord », mais « moi seul et après moi le déluge »
    Le déluge est là…

    Comment se perd l’altérité ? Est-ce le résultat d’un long processus ?

    C’est un phénomène qu’on observe très largement socialement. Beaucoup de gens aujourd’hui, quand ils vous marchent sur le pied vous disent « désolé »… Désolé, ça veut dire qu’on n’est pour rien dans ce qui arrive à l’autre. On est désolé de voir son voisin perdre sa mère, mais quand on est pour quelque chose dans le mal fait à l’autre, on doit dire : « je m’excuse » ou plutôt : « excusez-moi ! »

    Que se passe-t-il quand un système touche sa limite ?

    Il y a un effondrement généralisé de la croyance. La croyance en Dieu, c’est fait déjà depuis un certain temps. La croyance en l’argent comme valeur unique ou suprême, c’est en cours.

    L’autre fait peur…

    Un autre est aussi un sujet, qui lui vous considère comme une personne et pas comme un objet manipulable. Je dois dire que de plus en plus, on voit effectivement – et c’est vrai dans toutes les catégories sociales, ce n’est pas du tout le propre des gens qui souffrent et qui viennent chez le psychanalyste – cette perte totale du sens de ce qu’on doit à l’autre.
    Levinas a donné en deux mots la formule du lien, du lien amoureux, du lien social aussi et du lien politique : « après vous ».

    Après vous Monsieur

    Après vous Monsieur. L’intérêt général que constitue cet « après vous » dans la sphère politique ce n’est pas « je », « moi », « mes avantages acquis » et « je vais les faire valoir au détriment des avantages des autres » parce qu’un avantage qu’on gagne, il est toujours payé par quelqu’un, soit les générations futures, soit d’autres catégories sociales à travers la fiscalité… mais c’est de dire « l’intérêt général doit guider les politiques ».
    Or, malheureusement, on a de plus en plus affaire à des politiques qui se demandent non pas pourquoi ils sont au pouvoir et pour faire quoi, mais pour combien de temps… et pour durer…

    extraits / source : http://www.marianne2.fr/La-crise-a-marque-le-triomphe-du-chacun-pour-soi_a183461.html?preaction=nl&id=5911481&idnl=25843&

    et vous qu’en pensez vous ?

      1 comments for “La crise marque le triomphe du chacun pour soi …

      1. 17 janvier 2010 at 17h33

        Super ,cet article !à lire absolument même si c'est assez raide à comprendre!Et oui!c'est un spychanalyste!

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