Le retour de la politique industrielle se manifeste par un projet de «Meccano industriel»autour de la filière nucléaire qui laisse perplexe.
Tous les présidents, en France, ont été tentés par les Meccano industriels.
Nicolas Sarkozy ne déroge pas à la règle, transformant son libéralisme pragmatique en jacobinisme industriel.
Crise aidant, son conseiller Henri Guaino l’aura conforté en ce sens. Pour réorganiser le secteur nucléaire, il s’appuie sur le rapport d’un ancien président d’EDF, François Roussely. Bon connaisseur du dossier, mais pas tout à fait neutre. Pas plus qu’Henri Guaino, qui brigua autrefois discrètement la présidence de l’entreprise d’électricité. Autant dire qu’Henri Proglio, actuel patron d’EDF grâce à Nicolas Sarkozy, avait bien des alliés pour obtenir le leadership d’une filière nucléaire reconstituée face à Anne Lauvergeon, aux commandes d’Areva. Henri Proglio l’emporte effectivement, mais des questions restent posées.
Le retour de la politique industrielle
La décision annoncée par l’Elysée, à la suite du Conseil de politique nucléaire du 27 juillet, de mettre en place un partenariat stratégique entre EDF et Areva, illustre le retour de la politique industrielle. Pas pour que l’Etat se mette à tout décider, tout organiser, tout gérer, mais pour qu’il affiche sa vision des enjeux économiques et sociaux et fixe des objectifs à long terme en créant un environnement favorable. Trop longtemps, la politique industrielle a été abandonnée pour le seul bénéfice de la politique de la concurrence, et l’Etat s’en est remis aux forces du marché. Résultat: en dix ans, le poids de l’industrie française dans les exportations européennes a chuté de 25%. Face à cette dérive, les Etats généraux de l’industrie qui se sont tenus l’hiver dernier ont conclu à la nécessité de relancer la politique des filières.
La conséquence coulait de source: la filière nucléaire serait concernée. Compte tenu de sa dimension stratégique, il était évident que Nicolas Sarkozy (qui avait déjà fait intervenir l’Etat dans le sauvetage d’Alstom lorsqu’il était au ministère de l’Economie, des Finances et de l’Industrie) en ferait une priorité. Les justifications ne manquent pas: le nucléaire civil est le socle de toute l’indépendance énergétique nationale et c’est un secteur d’avenir. En plus, rappelle François Roussely, ex-patron d’EDF, dans un rapport remis àl’Elysée, «les principaux acteurs de la filière nucléaire française, née dans les années 70, sont aujourd’hui des acteurs d’envergure mondiale» avec EDF, Areva, Alstom, Bouygues et Vinci, le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) et l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN)… et environ 200 PME spécialisées. La filière est donc en place: il ne reste qu’à la réanimer.
Meccano industriel: une structure n’est rien sans un projet
lire la suite : http://www.slate.fr/story/25631/edf-areva-atomes-touffus