Il est désormais indispensable que l’Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs) définisse de façon urgente la planification opérationnelle fine de la préparation de l’échéance de 2015 concernant le centre de stockage profond. » Telle est la recommandation du rapport Roussely au sujet de l’aval du cycle du nucléaire. C’est-à-dire de ses déchets, talon d’Achille de la filière atomique française.
Les résidus visés sont les produits hautement radioactifs, ou moyennement radioactifs mais à vie longue (des centaines de millions d’années pour certains), issus du retraitement des combustibles brûlés dans les centrales. Si leur volume est relativement faible (44 000 m3 fin 2007, 56 000 m3 en 2030), ils concentrent 99,9 % de la radioactivité totale des déchets nucléaires français (1,15 million de m3 fin 2007, le double en 2030). Ces substances sont pour l’instant entreposées à la Hague (Manche) et à Marcoule (Gard), dans des conditions qui laissent parfois à désirer. L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a ainsi enjoint à Areva de reconditionner 25 000 m3 de déchets d’une ancienne usine de retraitement.
Enfouissement
La loi du 28 juin 2006, sur laquelle « le rapport n’imagine pas qu’il y ait lieu de revenir », prévoit d’enfouir ces déchets à 500 mètres de profondeur, sous une couche d’argile, près de la commune de Bure (Meuse). Un débat public doit être organisé en 2013, suivi d’une enquête et d’une demande d’autorisation en 2015, pour une mise en service en 2025.
C’est ce calendrier dont le rapport demande qu’il soit tenu « dans les délais fixés par la loi« , alors que, sur place, l’opposition de riverains et d’écologistes à une « poubelle nucléaire » reste vive. Le rapport préconise en outre que l’Andra « associe d’urgence EDF, Areva et le CEA (Commissariat à l’énergie atomique) à la définition optimisée du centre de stockage profond et à sa réalisation« .
D’autres déchets, moins dangereux, sont également en souffrance : ceux de faible activité à vie longue (82 000 m3 fin 2007, 151 000 m3 en 2030). Pour les stocker, l’Andra avait retenu deux villages de l’Aube, mais ils se sont désistés en raison de la fronde locale.
Reste une question de fond : la filière électronucléaire considère aujourd’hui comme des matières « valorisables » l’uranium et le plutonium extraits du retraitement des combustibles usés, dont ils représentent 96 %. Or, un récent rapport montre que le taux de recyclage des combustibles est en réalité inférieur à 20 %. D’autres pays ont choisi de ne pas retraiter leurs combustibles usés et de les gérer comme des déchets. C’est le cas de la Suède, dont les études sur le confinement géologique sont aujourd’hui les plus avancées.
Article paru dans l’édition du 30.07.10
du travail en veux tu en voila