Elisabeth Filhol publie chez POL un impressionnant premier roman, «La Centrale», qui raconte la vie de travailleurs intérimaires dans les centrales nucléaires françaises.
Comment a-t-elle enquêté sur le sujet, elle-même n’ayant jamais pénétré dans une centrale?
Pourquoi un roman plutôt qu’un pamphlet (le livre pose la question des conditions de travail de ces travailleurs et, au-delà, de la sécurité dans les centrales).
Et d’où tire-t-elle son écriture précise, très maîtrisée.
Réponse de l’intéressée.
Comment jugez-vous l’utilisation des sous-traitants au sein des centrales
Il me semble que l’utilisation de la sous-traitance en cascade pour assurer les travaux de maintenance a pour premier objectif de réduire les coûts de main d’œuvre.
Les consommateurs que nous sommes y trouvent leur compte, le prix du kilowatt/heure en France est relativement bon marché comparé à certains voisins européens.
C’est la même logique que celle de la délocalisation. Appliquée à une industrie qui ne se délocalise pas.
La production reste confinée sur notre territoire, les risques aussi. Au final notre sécurité repose sur ces salariés qui sont en bas de l’échelle, qui sont soumis à une forte pression et mal rémunérés, trop précaires et isolés pour être représentés par les syndicats traditionnels.
Des salariés, des sociologues, des médecins du travail luttent depuis des années pour amener le débat sur la place publique.
C’est un livre engagé?
Le projet de ce livre n’est pas militant.
J’ai découvert le sujet en écrivant, la colère est montée au fur et à mesure, une sorte de révolte citoyenne, alimentée par les discours des acteurs de l’industrie nucléaire.
Le mot que l’on entend le plus souvent dans leurs déclarations, c’est la transparence. Le matraquage du mot «transparence» tient lieu de transparence. Ça fait très décalé, d’un autre temps. On pourrait presque en rire, s’il n’y avait pas de tels enjeux derrière.>
source / extrait : http://didier-jacob.blogs.nouvelobs.com/archive/2010/02/03/elisabeth.html
Après avoir lu le livre de claude (je suis décontamineur dans le nucléaire ) , je vais vite lire également ( la centrale ) …