La centrale nucléaire, en fin de vie, inquiète de plus en plus les écologistes. Côté français, on pointe du doigt déjà huit défaillances depuis le début de l’année.
Les écologistes gardent un œil méfiant sur la centrale nucléaire de Cattenom, leur véritable bête noire. La secrétaire régionale des Verts de Lorraine, Éliane Romani, qui a relevé huit incidents depuis le début de l’année, demande des comptes à l’Autorité de sûreté nucléaire.
De notre journaliste Audrey Somnard
En plein été, les écologistes français jettent un pavé dans la mare. C’est sur le blog des Verts Europe Écologie Lorraine qu’Éliane Romani signe un communiqué plutôt cinglant envers la centrale de Cattenom, qu’elle considère comme «vieillissante» et dont la «vétusté de l’installation» ne serait pas sans lien avec les problèmes qui se sont accumulés ces derniers mois.
D’après les écolos, la centrale en est, depuis le début de l’année, à son huitième incident «connu». En mars, on recense pas moins de trois irrégularités. À l’occasion d’une opération de rechargement en combustible, le 13 mars, des barres de contrôle de la tranche 4 n’ont pas pu être insérées complètement au cœur du réacteur (les barres de contrôle interrompent, en cas d’arrêt d’un réacteur, la réaction en chaîne nucléaire). Le 17 mars, un arrêt automatique de la tranche 2 est signifié après des irrégularités du fonctionnement des turbines. Le lendemain, c’est l’arrêt automatique de la tranche 1 après un défaut dans la chaîne de mesure du flux neutronique au cœur du réacteur. Des irrégularités qui ont amené le 17 avril dernier la contamination radioactive d’un salarié électricien qui était en charge de l’installation de câbles électriques.
Cette multiplication des irrégularités amène les Verts à s’inquiéter de «la volonté de l’exploitant d’augmenter la productivité de la centrale par l’introduction d’un nouveau genre de combustible et par la prolongation des cycles de maintenance». Paul Delaunois, directeur de Greenpeace Luxembourg, abonde dans ce sens : «Pour des raisons d’économie, EDF sous-traite sa maintenance à des ouvriers qui ne sont pas toujours spécialisés et qui connaissent mal l’outil.»
C’est en 2014 que le contrat d’exploitation de la centrale prendra fin et devra être renégocié. «En Allemagne, les jeunes centrales ont vu leur durée de vie allongée. Pour Cattenom, ce serait dangereux de prolonger l’activité de cette centrale issue d’une ancienne génération. Et tout cela a un coût, aussi bien économique qu’environnemental», soutient Paul Delaunois.
Les Verts de Lorraine, du Luxembourg et d’Allemagne organiseront un rassemblement européen («Cattenom, non merci») à Perl en septembre.
Déjà en 2009…
En 2009, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) avait déjà constaté un relâchement dans le domaine de la radioprotection. Même si aucune contamination de travailleurs n’avait été à déplorer cette année-là, l’ASN a constaté de nombreux écarts : défaut de balisage, matériels de radioprotection ne fonctionnant pas, consignes manquantes ou non respectées, détection tardive de matériels contaminés… L’ASN a estimé que l’exploitant devait établir un retour d’expérience précis dans ce domaine et prendre les mesures adaptées.
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source : http://www.lequotidien.lu/index.php/politique-et-societe/14156-Cattenom-multiplie-les-bvues.html