Le gouvernement propose de ne pas repousser à 62 ans l’âge légal de départ en cas d’incapacité supérieure ou égale à 20 %. Il serait plus juste de prendre en compte l’espérance de vie par métier, selon le Pr Guillon.
François Guillon, professeur de médecine et santé au travail à Bobigny, juge sans « aucune pertinence médicale » le seuil de 20 % d’incapacité permanente qui pourrait être retenu dans le volet pénibilité du projet de réforme des retraites. Pour le Pr Guillon, ce projet « ne prend nullement en compte la pénibilité du travail », car il ignore la notion d’« espérance de vie sans incapacité ».
« Cette notion découle de constatations épidémiologiques qui montrent que pour les salariés en fin de carrière, « l’espérance de vie sans incapacité » est très variable. Elle dépend en grande partie du type de métier, de poste ou de travaux réalisés », explique-t-il.
Alors que le projet du gouvernement se fonde sur des critères individuels d’évaluation de l’incapacité induite par le travail, cette notion s’appuie « sur des critères professionnels parfaitement maîtrisables et justes », estime le praticien.
Le projet de loi « prendrait en compte la pénibilité s’il proposait que certaines personnes puissent partir en retraite sans décote à 60 ans sur des critères d’ exposition à des travaux pénibles », affirme-t-il. Au lieu de concerner les travailleurs usés, le médecin déplore que « la disposition ne s’applique en fait qu’à ceux qui, pour des causes professionnelles, subissent un handicap très lourd et en ont obtenu la reconnaissance ». « Le projet du ministre n’a donc rien à voir avec la pénibilité : utiliser ce terme relève d’une erreur scientifique », s’agace-t-il.
Les substances nocives oubliées du projet de loiQuant au seuil des 20 %, ce choix « ne peut s’expliquer que par le fait qu’il ne concernera qu’une minorité de personnes ». Selon lui, ce seuil « élimine notamment ceux dont l’incapacité permanente est comprise entre 10 et 20 % et qui bénéficient pourtant de la loi sur l’emploi des travailleurs handicapés ». « Pour les maladies professionnelles les plus fréquentes, les troubles musculo-squelettiques, les incapacités permanentes (IP) moyennes ne dépassent 15 % que dans moins de 1 % des maladies. Pour les accidents du travail, les IP moyennes les plus importantes s’observent dans le BTP et n’atteignent que 12 %. Pour espérer plus de 20 % d’IP, il faut perdre tout le pouce », commente-t-il.
il est vrai que le lieu de travail et l exposition a divers produits dangeureux ainsi que le type de travail physique ou mental devrais etre pris en compte