Centrale nucléaire du Tricastin : « il faut croiser les doigts »
« Il faut croiser les doigts pour que l’assemblage ne tombe pas », a dit à Reuters un agent de la centrale nucléaire du Tricastin, craignant pour la sécurité du personnel.
L’Autorité de sécurité nucléaire (ASN) a été informée par EDF que pendant les opérations de déchargement en combustible, réalisées dans la nuit du 5 au 6 novembre au réacteur n°2 de la centrale nucléaire du Tricastin (Drôme), un assemblage combustible est resté accroché aux structures internes supérieures au cours des opérations de déchargement. [Photo licence CC, Dierk Schaefer @ Flickr]
L’incident, indique l’ASN, n’a pas eu de conséquence pour le personnel de la centrale et n’a pas entraîné de rejet dans l’environnement. Mais l’agent interrogé par Reuters indique que « si un assemblage tombe et que la gaine du combustible se perce, il y aura une bulle qui va se former et on estime que les gens sur place peuvent absorber la dose annuelle (radioactive) autorisée en trois minutes ». Le Réseau « Sortir du nucléaire » dénonce une situation périlleuse. Pour l’association la vétusté et la dégradation du parc nucléaire français pourrait aboutir à des pénuries d’électricité ou à des accidents.
Pour le 3ème fois en quelques mois, un assemblage de combustible se retrouve suspendue, coincée au dessus du cœur du réacteur, menaçant à chaque instant de se décrocher et de causer un accident nucléaire. Des situations identiques se sont produites en septembre/octobre 2008 à la centrale nucléaire du Tricastin et en août/septembre 2009 à la centrale nucléaire de Gravelines (Nord). Un seul précédent avait eu lieu dans le passé, à la centrale nucléaire de Nogent, en 1999. (Ci-contre assemblage combustible en cours de déchargement – photo EDF)
L’association Sortir du Nucléaire se dit stupéfiée de constater que cette situation aussi rarissime que dangereuse vient de se produire à trois reprises en quelques mois, illustrant la rapide dégradation du parc nucléaire français. Pour elle, » les réacteurs nucléaires français, vieillissant, sont de plus dans un état extrêmement dégradé du fait du fonctionnement « en suivi de charge » imposé par la prédominance du nucléaire dans la production française d’électricité. Les conséquences sont claires : – des réacteurs de plus en plus souvent arrêtés, et de forts risques de pénurie d’électricité dès cet hiver – des risques plus élevés que jamais d’accident nucléaire, voire de catastrophe. Les graves problèmes de sûreté rencontrés par le « nouveau » réacteur nucléaire, l’EPR, montrent bien que l’option nucléaire mène la France dans une véritable impasse. Avant la pénurie d’électricité et/ou l’accident nucléaire, il faut de toute urgence programmer une sortie du nucléaire la plus rapide possible, et lancer dans le même temps, et massivement, des plans d’économies d’énergie et de développement des énergies renouvelables ».
Sur les 58 réacteurs nucléaires français, 15 sont actuellement à l’arrêt, a indiqué vendredi le PDG d’EDF Pierre Gadonneix (Source AFP) ; ce qui expliquerait les avertissements de RTE (Réseau de Transport d’électricité) concernant la probabilité de coupures cet hiver.
Reste que les premiers concernés par ce nouvel accident, seront les travailleurs chargés de la maintenance nucléaire, dont 80% seraient des sous-traitants, selon le documentaire « Les forçats du nucléaire » diffusé par TF1 le 7 septembre 2009.
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