Quand les salariés ne déclarent pas leurs pathologies…sauf P.GIRARDIER

    Les maladies à caractère professionnel sont en très forte augmentation en 10 ans. Une synthèse de Santé Publique France dévoilée ce mardi montre que les salariés ne les déclarent pas et font peser leurs soins sur le régime général de la Sécurité sociale. Anne Orenstein

    Source : La santé au travail se dégrade, mais les salariés ne déclarent pas leurs pathologies comme professionnelles

    C’est une épidémie silencieuse : les salariés français décrivent de plus en plus de maladies à caractère professionnel auprès des médecins du travail mais ils ne les font pas reconnaitre comme telles selon un rapport et une synthèse de Santé Publique France publiée mardi 18 avril. Elle étudie les résultats de la surveillance de ces maladies pour la période 2012 à 2018 sur la base des remontées des médecins du travail de sept régions métropolitaines et deux départements d’Outre-Mer.

    Les médecins du travail constatent une forte augmentation des signalements et plus particulièrement chez les femmes. Ainsi, entre 2007 et 2018, le taux de signalement est passé de 6,2 à 11,4% pendant qu’il augmentait de 4,9% à 7,1% chez les hommes.

    Troubles musculosquelettiques et souffrance psychique en tête

    On parle là des troubles musculosquelettiques (TMS), de souffrance psychique, des irritations ou allergies et des troubles de l’audition. Mais ce sont bien les deux premières pathologies qui sont les plus fréquemment signalées, TMS en premier pour les hommes et souffrance psychique en premier chez les femmes.

    Ces pathologies sont souvent liées à l’âge : plus les salariés vieillissent plus ils sont nombreux à en souffrir. Ce qui fait dire à Santé publique France qu’il est indispensable de mettre en œuvre des actions de prévention en entreprise et « confirme l’intérêt particulier qui doit être porté aux travailleurs vieillissants et la nécessité d’adapter le travail avec l’avancée en âge. »

    Les ouvriers et les cadres pas touchés par les mêmes pathologies

    Par ailleurs, les catégories sociales jouent également sur les pathologies. Ainsi les troubles musculosquelettiques touchent seize fois plus les ouvriers que les cadres. La souffrance psychique est, elle, prédominante chez les cadres et chez les femmes. En cause en grande majorité le management à 45% puis l’organisation du travail.

    La nécessité d’accentuer la prévention

    Selon Santé Publique France, « la démarche de prévention doit être globale avec une composante psychosociale […] Il est indispensable de mettre en œuvre des actions de prévention en entreprise afin d’améliorer la qualité des relations au travail, de réduire les contraintes de temps ne laissant que peu de marge de manœuvre aux travailleurs et d’interroger les organisations du travail, afin de les faire évoluer pour éviter les charges accrues de travail. » L’organisme public voudrait aussi que l’attention soit particulièrement attirée sur la santé mentale des ouvriers car la prévention en entreprise est majoritairement centrée sur la santé physique ce qui réduirait le nombre de signalement de pathologies pourtant existantes.

    Une sous-déclaration dramatique…

    Grâce à ce travail de veille spécifique, Santé Publique France est arrivée à mettre en lumière une énorme sous-déclaration de ces pathologies en maladies professionnelles. Ainsi, près des trois quart des TMS ne sont pas recensées. Santé publique France analyse que c’est principalement  par méconnaissance de la procédure de reconnaissance et de compensation mais aussi parce que le bilan diagnostique est insuffisant ou pour un quart des salariés, qu’ils refusent cette déclaration par peur de représailles.

    …et qui coûte cher

    Cette sous déclaration a cependant un coût, qui est estimé à chaque année entre un et deux milliards d’euros. Cela correspond à ce que la branche « risques professionnels » de la Sécurité sociale doit reverser à la branche « maladie » pour couvrir le coût des accidents du travail et des maladies professionnelles non déclarés. En effet, les salariés se font finalement soigner par la médecine générale par leurs propres moyens, plutôt que de bénéficier du système prévu pour leur maladies déclenchées par le travail. Aujourd’hui, l’étude de Santé Publique France prouve que le coût est sans doute sous-estimé.

    Soutien à Patrice Girardier 

      1 comments for “Quand les salariés ne déclarent pas leurs pathologies…sauf P.GIRARDIER

      1. lst
        18 avril 2023 at 20h57

        C’est peut-être comme les heures supplémentaires, si ça se déclare éventuellement, ça ne s’impose pas 😉

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