L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) n’est pas du genre à travailler pour rien.
Aussi, quand le gendarme du nucléaire français publie un Livre blanc sur le tritium, on ne peut manquer d’être intrigué.
Isotope bien connu de l’hydrogène, cet émetteur bêta ne présente pas, a priori, de grand danger. « En France, confirme André-Claude Lacoste, le président de l’ASN, le tritium délivre une dose d’environ un microsievert, soit le millième de la dose maximale admissible pour le public. »
Et pourtant, le sujet intéresse les scientifiques.
La raison ? « Une étude britannique, publiée en 2007, a montré que, contrairement à ce que nous pensions, les mollusques marins peuvent bioaccumuler le tritium. La même année, les auteurs d’une autre étude ont suggéré qu’il fallait accroître le poids du tritium dans le calcul de la dosimétrie », rappelle Jean-Christophe Niel, le directeur général de l’ASN.
En clair, le co-produit de l’exploitation des centrales nucléaires et des usines de retraitement du combustible pourrait être un tout petit peu plus embêtant que prévu. « Le plus important des risques identifiés, concède Patrick Smeesters, de l’Agence fédérale de contrôle nucléaire belge, pourrait être d’accroître le risque des fausses-couches. »
Dans le doute, l’ASN a créé, en 2008, deux groupes de travail, l’un sur la bioaccumulation, l’autre sur les risques des nouvelles installations.
Car tout le problème est là.
Si les quantités rejetées dans l’environnement restent – bien qu’en augmentation – très faibles, elles pourraient fortement progresser dans les décennies prochaines.
En cause, les deux EPR qui seront construits en France, mais aussi Iter et les futurs réacteurs de 4e génération qui seront de bien plus gros producteurs de tritium que les réacteurs à eau pressurisée actuels.
En attendant, les choses progressent doucement.
L’ASN va prochainement demander aux industriels producteurs de tritium (EDF, Areva et le CEA, pour l’essentiel) de renforcer leur surveillance.
De son côté, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (la toute nouvelle Anses, ndlr) devrait lancer un programme de recherche sur l’impact sanitaire du radionucléide. A suivre…
et vous , qu’en pensez vous ?