Les incendies en Russie peuvent rendre dangereux plusieurs sites nucléaires, notamment s’ils bloquent leur alimentation électrique, avertit Roland Desbordes, président de la Criirad (Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité).
Les incendies en Russie menacent au moins trois sites nucléaires, Maïak, Snejinsk et Sarov. Quel danger cela représente-t-il ?
« Les autorités russes disent avoir évacué les armes nucléaires, ce qui est relativement facile, car elles sont mobiles. Mais qu’en est-il des déchets nucléaires, des matériaux radioactifs entreposés dans des cuves, piscines ou fosses plus ou moins sécurisés ?
Un incendie, en détruisant des lignes de haute tension, peut interrompre l’alimentation électrique d’un site, mettant en péril son système de refroidissement. Des groupes électrogènes doivent alors prendre le relais, mais peuvent-ils résister à un incendie ? Le risque incendie dans les centrales nucléaires est généralement évalué par anticipation d’un feu qui vient de l’intérieur, plutôt que de l’extérieur.
Il existe aussi le risque de démarrer une réaction en chaîne non contrôlée, si on ne respecte pas des règles de répartition des matières fissiles. Ca s’est passé à Tokaï-Mura au Japon, avec de faibles quantités de matières nucléaires. Or en Russie, il s’agit de sites de production quasi industrielle.
C’est difficile d’évaluer le risque, car on ne connaît pas les quantités de matières nucléaires, les conditions dans lesquelles elles sont stockées.
Si le système de refroidissement d’une cuve tombe en panne, on peut avoir un accident très grave. L’explosion d’une cuve de stockage de déchets hautement radioactifs, justement à Maïak en 1957, a provoqué le plus grave accident sur un site nucléaire en dehors de Tchernobyl : les cultures ont été interdites sur plus de 100 000 hectares, des centaines de milliers de personnes contaminées et une trentaine de villages rasés. »
Ces sites sont-ils sûrs ?
« On ne sait que ce que la Russie veut bien dire sur ces installations : il existe sur son territoire quantité de sites nucléaires auxquels les étrangers n’ont pas accès. D’ailleurs, on a découvert l’existence de Sarov à la fin des années 80, quand les Soviétiques ont publié des statistiques sur les ordures ménagères. On y trouvait les déchets ménagers d’une ville de 80 000 habitants, alors qu’il n’y avait rien sur la carte ! »
Y a-t-il un risque de dispersion de particules radioactives ?
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