Les recettes d’EDF pour moins d’arrêts de centrales et plus de production nucléaire

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    Notre parc nucléaire subit en moyenne 43 arrêts de réacteurs chaque année. La vie entière d’une centrale est construite autour de ces interruptions inévitables pour recharger les combustibles et effectuer des opérations de maintenance. Mais elles peuvent encore gagner en efficacité.

    «Au moment même où je vous parle, 35 réacteurs fournissent 37 gigawatts d’électricité. L’année dernière, à la même époque, seuls 30 réacteurs fonctionnaient pour fournir 31 gigawatts», a déclaré ce mercredi 15 novembre Etienne Dutheil, le directeur de la division production nucléaire d’EDF, lors d’une conférence de presse. Pour ceux qui n’auraient pas compris le message, l’énergéticien public est en train de retrouver peu à peu ses capacités de production. Au lieu des 279 térawattheures produits en 2022, entre 300 et 330 twh devraient être produits en 2023. Et la France est en train de repasser du statut d’importateur à celui d’exportateur d’électricité. Une remontée qu’EDF met en partie au crédit de son plan Start 2025 : un programme lancé en 2019 visant à améliorer les performances des arrêts de ses centrales.

    Il faut dire que depuis l’accident nucléaire de Fukushima en 2011, les exigences en matière de sûreté nucléaire ont monté d’un cran. Avec pour conséquence des contrôles plus complexes, occasionnant des arrêts plus longs de la production. Il y a d’abord les arrêts simples qui durent 35 jours en moyenne, puis les visites partielles d’une durée d’environ 90 jours et, enfin, les fameuses visites décennales qui suspendent la production durant au moins 180 jours. A chaque fois, on en profite pour recharger un peu les combustibles. Seuls la nature des contrôles et le niveau de maintenance diffèrent.

    5 à 10 gigawatts supplémentaires cet hiver en gagnant en efficacité

    Au total, le parc nucléaire français subit ainsi 43 arrêts de réacteurs sur toute une année. Un vrai casse-tête à programmer. «La vie entière des réacteurs tourne autour de ces arrêts», souligne Etienne Dutheil. Cela signifie que des équipes sont présentes en permanence sur place pour préparer ces échéances. Or, la performance de production passe par la réussite de ces arrêts. Car s’ils se passent mal, ils ont toutes les chances d’être prolongés et de provoquer davantage d’indisponibilité par la suite.

    Aujourd’hui, l’entreprise publique se targue d’avoir progressé dans ce domaine. Les prolongations d’arrêt ont été réduites d’un tiers par rapport à 2022 et la durée d’interruption sur des sites est retombée à 100 jours lors de visites partielles de sites sensibles comme celui de Paluel. Pour l’énergéticien, il n’y a pas de doute. Cela a directement contribué à doper la production nucléaire de 5 à 10 gigawatts supplémentaires pour l’hiver 2023 par rapport à l’année précédente. Son secret ? Industrialiser les méthodes, monter une task force mutualisée pour toutes les centrales, capable d’intervenir en renfort, laisser une certaine marge de manœuvre aux équipes sur le terrain, qui fixent elles-mêmes les dates d’arrêts, et réinternaliser certaines compétences comme l’ouverture ou la fermeture des cuves.

    Le problème de corrosion sous contrainte devrait être réglé d’ici 2025

    Pourtant, la tâche a été rendue plus ardue par la survenue d’obstacles imprévus. La pandémie de Covid de 2020 a bouleversé la programmation des arrêts de réacteurs et aussi fait baisser la consommation et donc la production. Ce qui signifie que les combustibles ont diminué plus lentement. Or, les arrêts des réacteurs sont planifiés en fonction de la recharge des combustibles. Cela a reporté d’autant les moments propices pour intervenir. A cela s’est ajouté, fin 2021, la découverte du phénomène de corrosion sous contrainte occasionnant des fissures dans certains réacteurs. Un épisode malheureux qui a immobilisé la moitié du parc au cours de l’année 2022. Il nécessite actuellement de remplacer du matériel et ce sera encore le cas en 2024. Mais le problème devrait être jugulé d’ici 2025.

    D’autres enjeux émergent toutefois. Comme la prolongation de la durée de vie des centrales jusqu’à 60 ans, au lieu de 40 ans aujourd’hui. Ce qui aura forcément des conséquences sur la maintenance et les arrêts des réacteurs. Ce ne sera pas la seule gageure. Le patron d’EDF, Luc Rémont, ambitionne en effet de pousser la production annuelle jusqu’à 400 térawattheures d’ici 2030. Grâce à la mise en service de Flamanville 3 au premier semestre 2024 et à la montée en puissance des réacteurs dans les années à venir. Mais EDF compte bien aussi optimiser encore davantage les arrêts de son parc. Son prochain projet ? Passer d’un arrêt tous les 12 mois à 16 mois pour certains réacteurs à horizon 2028.

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