Ingénieurs, techniciens… la filière nucléaire en a plus que jamais besoin pour se relancer

    Le Groupement des Industriels français de l’énergie nucléaire (GIFEN) estime à 30.000 le nombre de recrutements nécessaires pour la construction des six EPR annoncés par Emmanuel Macron jeudi.

    Source : Ingénieurs, techniciens… Ces profils dont la filière nucléaire a plus que jamais besoin pour se relancer 

    L’annonce jeudi par Emmanuel Macron de la construction de six nouveaux réacteurs EPR – et le lancement d’une étude pour huit autres – a donné le sourire à la filière nucléaire. Mais pose également un défi colossal : celui de trouver la main-d’œuvre pour donner vie à ces projets. Le président de la République lui-même l’a souligné lors de son intervention depuis Belfort. «Sur beaucoup de métiers, des plus technologiques jusqu’à aux métiers les plus industriels, nous avons des besoins d’ingénieurs, des besoins en sidérurgie, en chaudronnerie, et dans bien d’autres secteurs», a-t-il affirmé.

    Le Groupement des Industriels français de l’énergie nucléaire (GIFEN) évalue à 30.000 le nombre de salariés nécessaires pour la construction des six EPR annoncés. «20.000 pour les chantiers de construction et 10.000 pour l’exploitation et la maintenance», précise Cécile Arbouille, déléguée générale du syndicat professionnel. Mais «on a le temps de finir de se préparer», tempère-t-elle. En effet, le chantier du premier réacteur sera lancé en 2028, a indiqué Emmanuel Macron, pour une mise en service espérée «à l’horizon 2035».

    Besoin de «4000 ingénieurs par an»

    Les besoins sont notamment «considérables» sur le métier d’ingénieur, a pointé en début d’année le président de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) Bernard Doroszczuk. «Pour faire face aux nouveaux projets, aux opérations de démantèlement et aux travaux sur le parc actuel, les entreprises de la filière […] prévoient le recrutement de l’ordre de 4000 ingénieurs par an», a-t-il déclaré. Le nucléaire devra également trouver des techniciens pour assurer le fonctionnement des nouvelles centrales. «Nous aurons besoin de monde en particulier sur six métiers, qui connaissent dans toute l’industrie un déficit d’attractivité depuis longtemps : chaudronnier, mécanicien sur machines tournantes, soudeur, tuyauteur, contrôleur et électricien industriel», énumère Cécile Arbouille, du GIFEN.

    EDF a d’ores et déjà annoncé qu’il allait recruter près de 3300 personnes dans le domaine du nucléaire cette année, moitié ingénieurs et moitié techniciens. Soit plus de 20% des recrutements du géant de l’énergie prévus en 2022 (15.500 au total). Sont principalement recherchés des automaticiens, des instrumentistes, des chaudronniers ou encore des experts en génie civil (chargés d’affaires et ingénieurs). «Des recrutements sont également prévus dans les systèmes d’information (SI), spécialement dans la cybersécurité et pour des postes d’architecte SI», indique-t-on chez EDF.

    Orano (ex-Areva), autre acteur majeur du nucléaire, explique de son côté recruter «chaque année 1000 personnes en CDI et 550 alternants», sans préciser si ces chiffres allaient gonfler dans les prochaines années. «Nos recrutements sont plus spécifiquement orientés sur les métiers de production, maintenance, gestion de projets, études/ingénierie et IT», explique l’opérateur spécialisé dans toutes les étapes du cycle du combustible (extraction de l’uranium, enrichissement, recyclage, logistique, démantèlement…).

    Retour en grâce du nucléaire chez les étudiants

    Mais encore faut-il réussir à attirer les jeunes vers la filière nucléaire, handicapée ces dernières années par «la désindustrialisation et le manque d’attractivité de cette industrie», analyse Cécile Arbouille. «On espère que le grand programme annoncé par Emmanuel Macron relancera la dynamique», attend-elle. «On avait du mal à embaucher parce que les gens nous disaient : quel est votre futur ? Et là on a un futur et je pense que ça va attirer les talents», abonde Valérie Faudon, déléguée générale de la Société française d’énergie nucléaire (SFEN), citée par l’AFP. La filière, aidée par l’État, met en tout cas le paquet. Une «université des métiers du nucléaire» a été montée en avril 2021, avec l’appui du gouvernement, pour «dynamiser les dispositifs de formation du secteur nucléaire». Le GIFEN a lui lancé en juillet 2021 un programme, subventionné par l’État, pour identifier et catégoriser les besoins du secteur.

    Dans les écoles d’ingénieurs, l’atome n’a pas attendu les annonces d’Emmanuel Macron jeudi pour bénéficier d’un retour en grâce. L’INSTN a par exemple vu les effectifs de sa formation d’ingénieur spécialisé en génie atomique bondir de 50% sur les deux dernières années, passant de 48 à 73 étudiants à la rentrée 2021. À l’École des Mines de Saint-Etienne, «on constate depuis quelques années un regain d’intérêt pour la filière nucléaire». Il s’est traduit notamment par la hausse du nombre d’étudiants en formation par apprentissage en génie nucléaire – après «un creux visiblement lié à l’accident nucléaire de Fukushima» en 2011 -, passé à 55 par an sur les quatre dernières années contre 40 durant les quatre précédentes.

    Pascal Yvon, professeur vacataire à CentraleSupélec, où il pilote un enseignement sur le nucléaire, observe lui aussi que l’atome «a aujourd’hui une connotation beaucoup plus positive» chez les étudiants. Son cours affiche complet tous les ans. «Ça devient même “tendance”, ce n’est plus une honte de travailler dans le nucléaire», affirme l’ingénieur du CEA, qui anticipe «un appel d’air» après le discours du président de la République jeudi. Affirmant que le nucléaire était une «filière d’avenir», le chef de l’État a appelé la jeunesse à «s’y engager, car nous devons pourvoir ces besoins industriels sur notre territoire», a-t-il insisté.

      1 comments for “Ingénieurs, techniciens… la filière nucléaire en a plus que jamais besoin pour se relancer

      1. likid
        14 février 2022 at 14h16

        pas de postes de liquidateurs ? Y a une équipe du côté de paris apparemment qui sait faire ?
        et des estomacs pour mangers ce qui s’entasse un peu partout dans des piscines, dans la terre, … ?

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