Post-confinement : L’ASN convoque le secteur nucléaire

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    (Montel) Muriel Boselli Paris 29 juil 2020
    L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) réunira le secteur nucléaire le 7 octobre pour tirer les leçons des échecs durant le confinement, alors que des sous-traitants se plaignent d’un manque de contrôle d’EDF sur les opérations de maintenance durant cette période, selon des sources et documents.
    Des employés d’entreprises sous-traitantes, regroupés au sein du collectif Ma zone contrôlée, dénoncent le manque de supervision de certains agents EDF durant cette période, qui pourrait se traduire dans les prochaines semaines par un risque accru d’incidents et d’arrêts fortuits des réacteurs.
    Selon le collectif, les salariés sous-traitants étaient « en première ligne » entre mi-mars et mi-mai dans la réalisation de travaux jugés prioritaires par EDF, tandis que 75% des employés de l’électricien public, en charge du contrôle, était en télétravail.
    L’association pointe plus particulièrement les centrales de Chooz (Ardennes) et de Cattenom (Moselle), où des opérations de maintenance ont été menées « sans une surveillance présentielle des agents EDF ».
    Selon EDF, le réacteur 1 (1,5 GW) de Chooz, à l’arrêt depuis le 21 février pour une visite décennale, devrait reprendre le 15 août, tandis que le réacteur 2 de Cattenom, stoppé depuis le 3 avril, doit reprendre son service le 23 août.
    Dans une lettre transmise mi-juillet à la nouvelle ministre de la Transition écologique et solidaire, Barbara Pompili, une écologiste critique du secteur nucléaire, le collectif dénonce également l’absence de masques mis à disposition du personnel sous-traitant jusqu’au 27 avril.
    Alors que les craintes d’une seconde vague épidémique s’intensifient, un porte-parole d’EDF a indiqué à Montel qu’une charte, définissant les mesures de protection sanitaires applicables aux salariés et prestataires, a été déployée sur tous les sites de production.

    Falsifications ?
    « On va avoir des problèmes de falsifications de documents dans la mesure où il n’y avait pas d’agents d’EDF présents physiquement pour surveiller les activités sous-traitées », s’alarme Gilles Reynaud, président de Ma zone contrôlée.

    « Comme ils n’étaient pas présents, nous savons qu’il y a des interventions qui ont été menées à terme sans les critères de surveillances attendus », précise celui qui a été auditionné en 2018 par la commission d’enquête controversée sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaires, présidée par Mme Pompili.

    De son côté, EDF assure avoir mis en place un plan dédié à la lutte contre la malveillance et les risques de fraudes.

    « En cas de constat avéré [de fraude], le dispositif prévoit, si le cas concerne un salarié EDF, l’application d’un traitement managérial et l’information à l’ASN. Si le cas concerne un salarié prestataire, l’entreprise est immédiatement informée », a déclaré un porte-parole de l’électricien.

    Ma zone contrôlée a adressé deux courriers, datés du 22 mars et 10 avril, au président de l’ASN, Bernard Doroszczuk, afin d’alerter les autorités de sûreté de ces dysfonctionnements présumés.

    Interrogée par Montel, une porte-parole de l’ASN, a indiqué que le gendarme du nucléaire n’avait pas « identifié de problème particulier dans les opérations de surveillance de maintenance ».

    Pourtant, l’enjeu de la réunion du 7 octobre du Comité sur les facteurs sociaux organisationnels et humains (COFSOH) de l’ASN, qui regroupe notamment son bras technique l’IRSN, le syndicat CFDT et EDF, sera de comprendre « l’impact de la crise sanitaire sur le contrôle et la surveillance des activités [sous-traitées], selon un courrier du gendarme du nucléaire consulté par Montel.

    Le rapport de la commission d’enquête, publié en juillet 2018, avait jugé que le « recours massif » de l’électricien français EDF à la sous-traitance avait un impact sur la sûreté de ses centrales nucléaires en raison de la « dilution des responsabilités ».

    Source : Post-confinement: L’ASN convoque le secteur nucléaire

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