Nucléaire : les inquiétudes des travailleurs de la sous traitance

    Nucléaire : les inquiétudes des travailleurs de la sous traitance

    Alors que la centrale de Golfech, à la frontière du Lot-et-Garonne, est dans le viseur de l’autorité de sûreté nucléaire, pointant plusieurs défauts de la surveillance et des règles, des changements de direction ont lieu. Les sous traitants exerçant dans le nucléaire s’inquiètent.

    Centrale nucléaire de Golfech, juin 2020
    Centrale nucléaire de Golfech, juin 2020© FTV

    En France, ils sont 160 00 salariés sous-traitants à travailler dans le nucléaire. Et 60 000 sont des salariés directs des donneurs d’ordres. L’association ma zone contrôlée existe depuis 6 ans. Elle fédère un collectif de salariés sous-traitants du nucléaire. Elle a pour vocation de recueillir anonymement la parole, faire remonter les problèmes et défendre les « nomades du nucléaire » comme ils se nomment. Elle est basée à Donzère dans la Drôme près de la centrale nucléaire de Tricastin.
    Son Président Gilles Reynaud travaille chez Orano Cycle émanation d’Aréva. « La médiocrité s’installe à EDF, constate-t-il, les managers sont aujourd’hui des business man avec des enjeux de rentabilité. On ne fait plus de préventif. A force de sous traiter EDF a perdu son savoir-faire, sa technicité. La situation est préoccupante.

    Un nucléaire Low Cost

    Depuis une dizaine d’années, les conditions de travail des sous-traitants ne font qu’empirer. « On fait du nucléaire Low Cost  » déplore Gilles Reynaud.
    Le nucléaire au temps de la crise du Covid-19, les sous-traitants étaient en première ligne.  » Nous n’avons pas eu de protections avant le 25 avril. On nous a dit « on a besoin de vous ». »
    « On pourrait comparer la situation d’EDF à celle de l’hôpital » pour Gilles Raynaud, c’est du copier coller.

    À tel point qu’en avril dernier, l’association nationale des commissions locales d’information  » L’ANCLI » a écrit une lettre ouverte à toute la filière du nucléaire pour rappeler le lien direct entre facteurs sociaux organisationnels et humains (FSOH) et la sûreté nucléaire.

    Phénomène nouveau : le dumping social. Depuis quelques années on voit arriver des travailleurs étrangers dans le nucléaire. Europe de l’est, Espagne, Portugal. Il y a beaucoup de messages sonores, de consignes écrites dans une centrale. Comment règle-t-on les problèmes liés à la langue ?

    Golfech dans le collimateur de l’Autorité de sûreté nucléaire

    La qualité des opérations d’exploitation s’est encore « détériorée » en 2019, a annoncé lundi l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). La qualifiant de « très mauvaise ». Lors d’une vidéoconférence Bertrand Frémaux, de la division de Bordeaux de l’ASN, fait état d’une détérioration de la surveillance en salle de commande, et des défauts dans le respect des règles dans le pilotage des réacteurs.

    « Golfech n’a pas su anticiper ses nombreux départs à la retraite, pas plus le compagnonnage des jeunes  » tente d’expliquer Gilles Reynaud.

    Une inspection fin 2019, la convocation de son directeur en début d’année. La centrale nucléaire du Tarn et Garonne accumule les déboires et les incidents depuis 2018. Le dernier rapport du gendarme du nucléaire à mis en exergue « un manque de rigueur systémique dans la traçabilité, des insuffisances dans les analyses de risque et dans la maîtrise des fondamentaux de conduite »

     » Pour l’incident d’octobre 2019, neuf mois plus tard, nous n’avons toujours pas toutes les réponses à nos questions » se lamente Marc Saint Aroman de la commission énergie de l’association Les Amis de la Terre en Occitanie. Et pour la fuite du 5 juin, on sait déjà que l’ASN aura la réponse sous….5 mois. »

    L’incident du 5 juin dernier, ce serait une fuite d’eau et de vapeur radioactive dans un robinet du circuit primaire. D’après les premières informations qui ont filtré, il ne s’agirait pas de sous-traitants mais d’une équipe d’EDF qui serait intervenue. Ce qui pose d’autres questions.

    Nicolas Brouzeng, futur ex-directeur de la centrale de Golfech

    D’après nos confrères de la Dépêche du Midi Nicolas Brouzeng, serait sur le départ. Directeur du site depuis cinq ans, il a fait savoir qu’il rejoindra Paris en juillet pour une mission d’expertise sur l’avenir du nucléaire. Dans les colonnes du quotidien, Nicolas Brouzeng se dit « fier d’avoir rempli les objectifs.  »

    On ne sait pas exactement de quels objectifs il s’agit. Ceux fixés par l’Etat, à savoir des économies ou ceux fixés par l’IRSN  ( Institut radio-protection et de sûreté Nucléaire), la sûreté nucléaire et la protection des populations et de l’environnement ? Il sera remplacé par Cyril Hisbacq, actuel directeur adjoint EDF pour la partie hydraulique à Marseille.

    La filière nucléaire dans le rouge

    Depuis de nombreuses années, EDF l’exploitant historique du nucléaire français, ne respire pas la santé financière. Des erreurs stratégiques, des investissements hasardeux. Des retards de chantiers qui s’accumulent et que dire de l’EPR de Flamanville dont les coûts explosent. La restructuration demandée par l’Etat a du mal à se concrétiser, et à cela viennent s’ajouter les nouvelles normes dites « Fukushima. »

    Pour mettre ses centrales aux normes « post Fukushima », EDF va devoir sortir 110 Mds€ selon la Cour des Comptes. Ces travaux, appelés « Le grand carénage », consistent à mettre hors d’eau les installations électriques, pompes, générateurs afin que le refroidissement des centrales ne soit jamais coupé. A Fukushima, après le tsunami, c’est l’impossibilité de refroidir le réacteur qui a conduit à la catastrophe.

    L’ASN lanceur d’alerte

    En 2018 l’Autorité de sêreté Nucléaire a lancé sur son site une plateforme dédié aux lanceurs d’alerte. Avant de se lancer, le site propose un rappel à la réglementation concernant les lanceurs d’alerte. Histoire de connaître la loi et à quoi ils s’exposent. Toujours bon à savoir.

    Source : Nucléaire : les inquiétudes des travailleurs de la sous traitance

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