Médecin du travail condamnée : ses confrères réclament la suppression des chambres disciplinaires ordinales

    Article proposé par Marie FOULT pour lequotidiendumedecin.fr/

    Le Syndicat de la médecine générale (SMG) et l’association Santé et médecine du travail (SMT) ciblent ouvertement les chambres disciplinaires de l’Ordre des médecins dont ils réclament la suppression pure et simple.

    Cette offensive intervient après que l’Ordre a sanctionné, la semaine dernière, le Dr Karine Djemil, médecin du travail, à six mois d’interdiction d’exercice dont trois mois ferme pour avoir établi le lien entre l’état de santé dégradé de deux salariées et leurs conditions de travail (en l’espèce un harcèlement sexuel et moral présumé).

    « Son exercice médical clinique compréhensif vis-à-vis des victimes est très durement sanctionné, alors que ses pairs lui reconnaissent ici une pratique exemplaire, accusent les deux structures. Aucun médecin ne pourrait plus, sur la base de son examen clinique, prendre en charge une victime de harcèlement sexuel ou moral dans une entreprise, sous peine d’interdiction d’exercice ! »

    La chambre nationale disciplinaire a considéré dans son jugement que le médecin avait délivré « un rapport tendancieux », sans « constater des faits précis permettant de déduire l’existence de harcèlement sexuel avec suffisamment de vraisemblance ». Mais, selon le SMG et l’association SMT, les juges ont refusé d’entendre une victime présente à l’audience et n’ont vérifié aucun fait.

    Commission d’enquête sur les pratiques de l’Ordre

    La juridiction disciplinaire ordinale reprochait également au Dr Djemil d’avoir violé le secret médical en adressant un courriel signalant des cas de maltraitance et de harcèlement au travail au gérant, mis en copie à d’autres salariées. « Mais c’est l’Ordre des médecins qui crée les conditions du non-respect du secret médical en recevant les plaintes d’employeurs », rétorquent les médecins.

    Le syndicat et l’association réclament une commission d’enquête parlementaire et une autre de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) sur les « pratiques de l’Ordre des médecins après une plainte d’employeurs », particulièrement après des faits de harcèlement sexuel et moral.

    Le SMG et l’association SMT demandent que l’Ordre ne puisse pas se substituer à une plainte d’employeurs, l’obligation d’auditionner les victimes, la non-recevabilité de ces plaintes devant l’Ordre et leur transmission automatique au procureur de la République, et même… la suppression des chambres disciplinaires ordinales qui ont démontré « leur nocivité », affirment les deux structures pour qui « la situation n’a que trop duré ». 

    Source : Médecin du travail condamnée : ses confrères réclament la suppression des chambres disciplinaires ordinales

      3 comments for “Médecin du travail condamnée : ses confrères réclament la suppression des chambres disciplinaires ordinales

      1. Médecin du travail, triste monde !
        16 mai 2018 at 22h22

        De toute façon, Les Médecins du travail, il ne faut surtout pas leur faire confiance.
        Ils sont double jeux. La plupart faux culs et sans intérêt.
        Et au final ne servent à rien. Pire ils risquent même à vous enfoncez plutôt qu’autre chose.
        Et les seules rares médecins du travail qui mouillent leur chemise à essayer de vous sortir d’une situation de pénibilité ou de désarroi. Sont aussitôt sanctionnés. Comme ce pauvre Dr Huez…
        Triste monde.

      2. quelle tristesse
        15 mai 2018 at 21h53

        Que c’est triste de voir que ceux qui remplissent leurs missions sont souvent condamnés !

        Le Dr Huez et d’autres sont aussi dans des situations pénibles et inadmissibles …

        Quand est ce qu’on met le réveil pour autre chose qu’aller tapiner à l’usine ?

        • Exosphene
          16 mai 2018 at 15h23

          Si l’on en arrive là, c’est tout simplement parce que l’inspection du travail ne fait plus son travail.
          Pourquoi ?
          Parce que les industriels n’ont eu de cesse de porter plaintes contre les inspecteurs qui faisaient encore leur travail.
          Quand vous avez une hiérarchie qui se désolidarise de ses troupes, en laissant faire, sans broncher, il devient facile de comprendre pourquoi les inspecteurs n’aient pas envie de risquer leur carrière en mettant les pieds dans le plat. De toute façon, aujourd’hui ils n’y sont même plus autorisés.
          Alors qui hérite du bébé ? Les médecins.
          Et quand vous avez un ordre, qui renie son serment, pour cautionner une médecine spécifiquement conditionnée pour favoriser l’idéologique ultra libérale, qui s’inscrit dans le déni d’une réalité médicale, en jouant de la forme des choses pour s’en justifier, vous obtenez ce type de situation.
          Jusqu’au moment où les médecins eux mêmes, et ils sont déjà beaucoup à avoir adoptés cette attitude ; à leur tour, démissionnent de leur devoirs, devant les recours qui tendent à devenir de plus en plus systématiques.
          Recours, bien aidé par des chambres disciplinaires extrêmement complaisantes à la voix ordinale de leur maître et qui se transforment pour l’occasion en véritable tribunal militaire, avec pour seule issue le peloton d’exécution.
          Tout ce système n’a pour vertu que de favoriser des formes de management sauvage, tout en garantissant l’impunité des monstres qui s’en font les bras armés.
          Le risque systémique est énorme, son premier symptôme mesurable est l’explosion des problèmes sanitaires, mais il y en un autre tout aussi inquiétant, qui est l’ancrage du jemenfoutisme qui s’installe petit à petit dans le monde du travail et qui tend à devenir « culturel », faute de considération et de turnover éthique.
          C’est à dire, une baisse considérable de la performance avec à la clé, la disparition progressive de la conscience professionnelle, et là quand on parle de nucléaire, pardonnez moi l’expression « ça craint !!! »
          En France à l’heure actuelle, le MEDEF a réussi a soudoyer nombre d’institutions pour imposer une interdiction à pouvoir établir toutes formes de relation de cause à effet entre management et pathologies.

          L’effet domino va être terrible !!!

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