Le rapport qui accuse !

    L’association Ma Zone Contrôlée se réjouit de voir que notre audition « sous serment » apporte sa contribution à l’amélioration de la sécurité et sûreté nucléaire dans ce rapport accablant.

    Les membres et adhérents de notre collectif remercient chaleureusement les membres de la commission d’enquête qui enfin osent briser le silence sur les conditions de la sous-traitance dans le nucléaire 😉

    Recours excessif à la sous-traitance, vieillissement des installations et risque terroriste. Un rapport d’enquête parlementaire, rendu public ce jeudi, liste les points faibles de notre parc nucléaire.

    Article de Erwan Benezet pour le Parisien

    Cela peut arriver près de chez vous. Voilà, s’il fallait résumer en une seule phrase, la teneur du rapport que rend ce jeudi la commission d’enquête sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaires, et que nous avons pu consulter en exclusivité. « Notre pays est particulièrement dépendant de cette source d’énergie (NDLR : le nucléaire), prévient en préambule le rapport. Le moindre incident peut avoir des conséquences catastrophiques pour des millions de personnes et pendant des dizaines de milliers d’années. »

    Créée le 31 janvier et présidée par le député du Nord, Paul Christophe (LR), cette commission parlementaire a mené cinq mois d’enquête, émaillée de visites sur site et de dizaines d’auditions des différents acteurs du secteur. De ses résultats émane une certitude : les catastrophes nucléaires ne sont pas l’apanage de pays lointains soumis à des aléas climatiques tropicaux, ou en proie à des régimes autoritaires et irresponsables. Elles peuvent tout aussi bien survenir ici et maintenant, dans l’une de nos 19 centrales (et de leurs 58 réacteurs). Ce qui n’est pas sans rappeler les conclusions d’un autre rapport sur le même sujet, publié en octobre 2017 par l’ONG environnementale Greenpeace.

    Forts de ces cinq mois de travail, les experts de la commission n’hésitent pas à évoquer, pour décrire le système français, de « failles » de sûreté (liée à des risques naturels), mais aussi de sécurité (les facteurs humains). Une attaque terroriste de grande ampleur est en effet également redoutée, comme en témoigne l’action de militants de Greenpeace, qui ont fait s’écraser mardi un drone contre le mur de la centrale de Bugey (Ain).

    «Des situations totalement ubuesques»

    En près de 200 pages, la commission liste les principaux points faibles. Outre les risques terroristes évoqués plus haut, elle déplore également un recours devenu « massif » à la sous-traitance. Dans son audition du 22 février 2018, Jean-Christophe Niel, directeur général de l’IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire), estime qu’EDF sous-traite désormais « 80 % de la maintenance […] ».

    « En faisant appel pour ses travaux de maintenance à des entreprises tiers, EDF a progressivement perdu une partie de son savoir-faire, déplore Barbara Pompili, député (LREM) de la Somme et rapporteur de la commission. Elle n’est plus en mesure d’effectuer elle-même certaines interventions délicates sur ses réacteurs. »

    D’après certaines de ces entreprises auditionnées, il pourrait ainsi exister jusqu’à sept niveaux de sous-traitance. Quand la limite est théoriquement fixée à deux. « Nous sommes ainsi arrivés dans certains cas à des situations totalement ubuesques, témoigne l’une d’elles. Comme des sous-traitants amenés à former des équipes d’EDF. Ces mêmes équipes qui, un mois plus tard, seront chargées à leur tour de surveiller leurs anciens instructeurs… »

    Les critères économiques prédominent

    Autre problème préoccupant : les exigences de rentabilité qu’exercerait EDF sur ses sous-traitants. Au point que les critères économiques prédominent sur tout le reste. Il faut savoir que chaque jour de maintenance d’un réacteur nucléaire coûte au groupe plus d’un million d’euros. D’où, toujours selon la commission, le nombre croissant d’« arrangements frauduleux ».

    Ce qui fait dire à Gilles Reynaud, le président de l’association Ma zone contrôlée (qui se définit comme un « collectif de salariés militants sous-traitants de l’industrie nucléaire française »), cité par le rapport, que certains sous-traitants travaillent « à la limite de la légalité ». Et le document de citer l’exemple d’un soudeur sans habilitation qui utilisait, sur ordre de son employeur, les autorisations d’un collègue.

    Enfin le vieillissement des installations suscite également l’inquiétude des experts de la commission. Ils ont en effet observé, au cours de leurs visites, des signes avancés de corrosions sur de nombreuses pièces. Ce qui, selon eux, « interroge sur la pertinence de la prolongation de la durée de vie de certaines centrales ».

    Sollicitée, EDF indique ne pas souhaiter communiquer tant qu’elle n’aura pas pris connaissance du rapport.

    Source : http://www.leparisien.fr/economie/centrales-nucleaires-le-rapport-qui-accuse-04-07-2018-7807422.php

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