EDF déboutée et condamnée.

    Auteur : Éric BAILLY-BAZIN
    Article paru le : 9 février 2009

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    La direction d’Électricité de France et le comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail de la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine en confrontation

    Après l’ordonnance rendue par le tribunal le 20 janvier qui circule sur internet, le directeur de la centrale s’explique …

    Cela fait quelques jours que l’information est connue. Un extrait de l’ordonnance en référé du 20 janvier rendue par le tribunal de grande instance (TGI) de Troyes visant Électricité de France, qui circule sur internet, est de nature à semer la panique : « […] Constatons l’existence d’un risque grave au sein de l’établissement du centre nucléaire de production d’électricité de Nogent-sur-Seine et plus particulièrement au sein du service automatisme […] »
    Lue comme cela, cette information partielle et sortie de son contexte est susceptible de lancer sur les routes les habitants du Nogentais, fuyant la région avec le strict nécessaire accroché sur le toit de la voiture.
    Pas de panique : il y a ni risque d’explosion du noyau nucléaire, ni radioactivité.

    Pour les élus CGT de la centrale de Nogent-sur-Seine, la décision du TGI est « une satisfaction plus qu’une victoire ». Ces derniers expliquent que « depuis une dizaine d’années des alertes successives ont été portées à la connaissance de la direction concernant le personnel de la section automatisme qui manifestait des formes de souffrance dans leur travail ». Il faut donc entendre par « risque grave au sein de l’établissement du centre nucléaire » danger morpho-psychologique d’une catégorie de personnel.
    « Ce personnel exerce une activité professionnelle où on n’a pas droit à l’erreur », assure un syndicaliste. « Il a une pression excessive et le poids de la sûreté nucléaire en permanence sur les épaules. Il y a donc des incidents réguliers : stress, perte de sommeil, irascibilité, conflit, maladie. Le comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) de la centrale souhaitait qu’une expertise indépendante soit réalisée afin de définir avec exactitude les problématiques rencontrées, notamment par le personnel du service automatisme. Mais la direction a opposé un audit qu’elle a commandé à la requête du CHSCT prétextant que ce comité serait phagocyté par le syndicat CGT. » C’est ce qui semble opposer depuis plusieurs années le CHSCT et la direction du site. Une opposition larvée qui s’est traduite dernièrement par le jugement du TGI qui « ordonne à la société Électricité de France de mettre en œuvre l’expertise dans les termes de la résolution votée par le comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail du centre nucléaire de production d’Électricité de Nogent-sur-Seine lors de sa réunion en date du 8 octobre 2008 ».
    « Nous espérons que cela conduise à des propositions pour améliorer la situation et éradiquer la souffrance au travail », précise Pascal, un syndicaliste.

    L’avis de la direction

    Elian Bossard est davantage soucieux des risques de voir une information erronée circuler sur internet, dans laquelle se côtoient des termes qui sont sortis de leur contexte, comme la sécurité et la sûreté, que de commenter une décision de justice. Ce n’est pas encore la méthode Coué mais le directeur veut positiver cette condamnation et l’inscrire dans « le process d’amélioration de nos compétences ». Il estime par ailleurs qu’il y a un bon niveau de concertation, même si des divergences subsistent : Il y a un problème d’interface entre les différents métiers exercés sur le site et cela prend du temps à régler. »
    « Dans des structures comme la nôtre, il y a effectivement des risques psycho-sociaux, car le contexte industriel est particulier », poursuit Elian Bossard. « Néanmoins, nous progressons dans le domaine de la sécurité des personnels, même s’il reste des ajustements à opérer. Il est hors de question de sous-estimer le mal-être du personnel de cette section. Cette condamnation nous amène à nous remettre en cause afin de trouver des solutions dans la concertation. »
    Cette décision du tribunal ne fait pas plaisir à la direction de la centrale nucléaire qui se serait bien passée de cette publicité. Néanmoins, elle ne fera pas appel de ce jugement souhaitant se concentrer sur le problème soulevé et rétablir le dialogue avec le CHSCT.

    http://www.lest-eclair.fr/index.php/cms/13/article/249426/EDF_deboutee_et_condamnee

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