Accusé de trop parler, un salarié d’Orano mis à pied…

    Gilles Reynaud, employé par le groupe nucléaire, a été sanctionné par sa hiérarchie pour avoir contesté les conditions de travail de l’entreprise.

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    Être salarié dans l’industrie nucléaire et en critiquer publiquement les conditions de travail, est-ce compatible ? Il semblerait que non pour Orano (ex-Areva). Même si le groupe souligne qu’il « reste attaché au respect de la liberté d’expression », il affirme qu’il ne doit pas y avoir « d’abus ».

    En raison de ses prises de position sur les conditions de travail, une mise à pied de cinq jours a sanctionné, par un courrier daté du 5 juillet 2018, Gilles Reynaud, chef de chantier chez Orano Démantèlement et Services (DS), près de la centrale nucléaire du Tricastin (Drôme), et syndicaliste de Sud Energie (non représentatif). M. Reynaud contestera cette sanction le 29 avril devant le conseil des prud’hommes de Nanterre.

    Lire aussi Au Tricastin, la grève timide des sous-traitants du nucléaire

    Cette mise à pied, sans salaire, « s’inscrit dans une série de dénigrements publics et de propos péjoratifs à l’encontre du groupe dont il est salarié », justifie un représentant de l’énergéticien, qui sont « contraires à son obligation contractuelle de loyauté à l’égard de la société Orano DS ». La sanction s’appuie sur des éléments publiés, notamment, sur le site associatif Ma Zone contrôlée (MZC), que M. Reynaud a co-créé et qu’il préside. Cette association se compose d’un collectif de « salariés militants statutaires et sous-traitants de l’industrie nucléaire », dont le but est, grâce aux échanges, d’« améliorer la sécurité des interventions, la sûreté des installations ».

    Ces éléments ont été mis en ligne en 2017 et 2018. Or, toute sanction devant intervenir au plus tard deux mois après les faits, ceux qui sont antérieurs au 13 avril 2018, soit deux mois avant l’envoi de la lettre de convocation à l’entretien préalable, sont donc prescrits.

    Le 13 avril 2018, par exemple, MZC évoque le licenciement d’un salarié d’une filiale de l’entreprise, victime d’un cancer de la thyroïde et déclaré inapte à travailler en zone irradiée. « On a entrepris toutes les démarches » pour le reclasser, qui « n’ont pas abouti », se défend-on chez Orano. Gilles Reynaud a, lui, une tout autre version : « Les managers ont obligé ce salarié à travailler en zone irradiée. Il a soulevé le problème, il a été licencié pour inaptitude. Il est aux prud’hommes. »

    « Low cost »

    Selon MZC, les salariés sous-traitants du nucléaire « effectuent 80 % des activités nécessaires au parc nucléaire » et prennent « 80 % des doses » d’irradiation. Ils sont « victimes de la majorité des accidents de travail (souvent non déclarés) ». Pour les appels d’offre, explique M. Reynaud, « il y a une mise en concurrence déloyale des sous-traitants », qui dépendent de conventions collectives diverses et variées : propreté, Syntec, etc.

    Lire l’enquête : Les doutes et les fragilités du secteur nucléaire français

    Pour Gilles Reynaud, c’est du « low cost ! », comme il l’a déclaré à la commission d’enquête sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaires, qui l’avait convoqué le 17 mai 2018 en tant que président de MZC. « Quand je suis revenu de l’Assemblée nationale, ma direction m’a dit : tu es en train de bousiller notre business », raconte M. Reynaud. Ce qu’Orano dément.

    La convocation à l’entretien préalable à la sanction est intervenue un peu moins d’un mois après l’audition de M. Reynaud. « C’est purement fortuit », affirme-t-on chez l’énergéticien. Au contraire, selon Me Cyril Cambon, l’avocat de M. Reynaud. « M. Reynaud peut témoigner de l’intérieur, il gêne, il faut le faire taire. C’est quand même fou qu’on veuille museler un associatif sous prétexte qu’il est salarié d’Orano. »

    Source : Nucléaire : accusé de trop parler, un salarié d’Orano mis à pied

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      9 comments for “Accusé de trop parler, un salarié d’Orano mis à pied…

      1. exosphene
        20 février 2020 at 23h22

        Le problème reste entier.
        Tant que les sanctions ne seront pas dissuasives pour les employeurs qui s’adonnent à ce genre de pratiques d’intimidations, ils ne s’en priveront pas !!!
        Ces grandes boîtes jouent l’épuisement administratif et juridique, et ça traine en longueur lll Elles savent très bien que des personnes seules ne peuvent pas lutter contre des boîtes de cette taille.
        Au final la réparation couvre à peine les frais de justice, c’est a dire pour le salarié une grosse galère financière couplée d’une pression énorme, entretenue, pour une sanction ridicule de l’entreprise à faire hurler de rire les pervers narcissiques qui en saturent les effectifs.
        Comme ces boîtes sont l’État et que la justice c’est aussi L’État, il ne faut pas s’attendre à ce que la justice ait le pouvoir de réagir à la hauteur de ces pratiques illégales mais tolérée grâce au nouveau code du travail.
        Le programme d’épuration éthique des personnels peut continuer parce qu’il faut le dire : C’est bien de cela dont on parle !!!
        Quand on manque d’intelligence la compenser par la discipline, est une méthode facile pour conditionner de la chair à rayons, mais le cynisme de cette méthode ne fait illusion jusqu’au temps de l’accident ou de la maladie.
        Il faut le dire clairement, les nomades mais aussi les agents aujourd’hui font parties des consommables.
        Si certains à l’humour incertain s’amusent à considérer le turnover comme une forme d’énergie renouvelable, se demander si cette option est durable devraient les faire réfléchir, car leur tour viendra.

        Soutien à toi Gilles

        • taro
          21 février 2020 at 21h15

          « leur tour viendra »

          certaines commencent à le comprendre ! souvent tardivement …

        • Dany le rouge
          22 février 2020 at 9h13

          Leurs tour viendra, mais un bon coup d’accélérateur pour activer la manœuvre c’est mieux. Ne restons pas dans la passivité et jaunissons toutes ces caporalistes . Courage à toi Gilles mais dit toi bien que d’aller en justice dans ce pays n’est pas toujours une bonne solution. A l’ancienne mon Gilles et une bonne raclée aux aurores et bien plus efficace et après ils font moins les canards les mirlitons du capitalisme.

      2. Martinez
        19 février 2020 at 13h28

        Orano c’est des andouilles (les chefs uniquement). Tout à été dit, publier, débattu sur les errances du nucléaire civil.
        Soutient entier à Gilles Reynaud le chevalier des temps moderne. Encore une histoire de service juridique à l’entreprise où un petit loup veut se faire mousser et dévorer plus de moquette que le voisin. Le jour ou le patronat à mis en place les DRH, puis les services juridiques, puis les services prévention et sécurité et maintenant les services bonheur avec tu récupères ton linges laver et repasser + les deux loupiots à la concièrgerie ; avec tous ces guguses dans ces services sa permet aux patronats d’avoir plein de petit caporaux aux ordres .Que voulez vous faut bien occuper la médiocrité et la démographie galopante encourager par la mère abbesse.

        • médio
          19 février 2020 at 15h26

          bienvenue en médiocratie/idiocratie

      3. Poulenard
        19 février 2020 at 9h46

        Je vous apporte mon soutien
        Merci pour votre engagement
        Sylviane

      4. PATRICE GIRARDIER
        19 février 2020 at 7h37

        Soutien à mon ami Gilles Reynaud, le fait d’avoir évoqué mon cas le 13 avril 2018, lui à value 5 jours de mis à pied. La sanction concernant Gilles Reynaud, rendue publique par ORANO, invite à comprendre que le silence est de règle et qu’il règne par la peur. On en déduirait presque que la force de dissuasion nucléaire s’étend au-delà de la signification qu’on lui prête habituellement : ce concept de « dissuasion » peut-il s’appliquer au civil ? Il s’agit en tout cas clairement d’une manœuvre d’intimidation envers quiconque serait tenté de relayer des informations compromettantes sur certaines réalités, quand bien même celles-ci seraient de nature sanitaire.

        • just -ice
          19 février 2020 at 9h18

          Ne serait ce pas pour cette industrie qui se prétend sûre et comme le pilier sans lequelle tout s’effondrerait, une façon d’exprimer sa faillite à tout point de vue ? Le déclain, le champ du cygne … ?

          un système en pleine errance ferait il autrement ?

      5. just -ice-tea
        18 février 2020 at 21h02

        bientôt la justice aura l’occasion de montrer qu’elle est impartiale peut être ?
        peut être que d’autres cas ne tarderont pas à se faire connaitre ?

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